Mardi, Michel Barnier a prononcé sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale, largement tournée vers le redressement des finances publiques et la réduction d’une dette «colossale».
Le nouveau Premier ministre français Michel Barnier, issu du parti de droite Les Républicains, a égrené ses priorités mardi lors de sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale, décrivant la dette «colossale» comme une «épée de Damoclès» au-dessus de la France. Il a également abordé la politique migratoire «que nous ne maîtrisons plus de manière satisfaisante». En prônant notamment la «prolongation exceptionnelle de la rétention des étrangers en situation irrégulière». Et sans s’interdire la réduction des visas envers les pays rechignant à reprendre leurs ressortissants.
«Cinq chantiers prioritaires»
Après une minute de silence en hommage à Philippine, jeune étudiante tuée il y a dix jours à Paris, l’hémicycle a rapidement retrouvé ses habitudes bruyantes et dissipées. Impassible face aux tentatives d’interruption, Michel Barnier a planté le décor d’emblée: «Nous sommes collectivement sur une ligne de crête.» Le Premier ministre a exposé ses «cinq chantiers prioritaires»: «Niveau de vie», «services publics», école et santé en tête, «sécurité», «immigration» et «fraternité».
Premier engagement concret: ramener le déficit à 5% du PIB en 2025, avec l’objectif de revenir sous les 3% en 2029, alors que le déficit devrait atteindre 6% cette année. «Le premier remède de la dette, c’est la réduction des dépenses» et «en 2025, les deux tiers de l’effort de redressement viendra de là», a-t-il ajouté. Deuxième «remède»: «L’efficacité des dépenses». Le troisième remède sera le plus douloureux: le levier fiscal.
«Contribution exceptionnelle»
«Nos impôts sont parmi les plus élevés du monde» mais «la situation de nos comptes demande aujourd’hui un effort limité dans le temps qui devra être partagé, dans une exigence de justice fiscale». A savoir une participation demandée aux plus grandes entreprises et «aux Français les plus fortunés», a annoncé M. Barnier. «Comme c’est son rôle, je souhaite que le Parlement débatte, ajuste, améliore», a-t-il ajouté.
Le Premier ministre aura fort à faire: dans le parti présidentiel Renaissance, Gérald Darmanin a prévenu qu’il ne soutiendrait pas «un gouvernement qui augmenterait les impôts». Pris à revers par le chef de file des LR Laurent Wauquiez, prêt à accepter des hausses «temporaires, exceptionnelles et justes» en contrepartie «d’économies massives». M. Barnier a également mentionné la «dette écologique», confirmant la poursuite du développement du nucléaire, «mais aussi des énergies renouvelables».
Autre thème abordé: la réforme des retraites. Sous les cris de «abrogation, abrogation» venus de la gauche, M. Barnier s’est dit ouvert à des «aménagements possibles», avec les partenaires sociaux, à qui il redonne également la main dans les négociations sur l’assurance chômage.
Lignes rouges
Revalorisation du Smic de 2% «dès le 1er novembre», reprise du projet de loi agricole interrompu par la dissolution, «nouveau livre d’épargne dédié à l’industrie», report du scrutin provincial en Nouvelle-Calédonie, reprise du débat sur la fin de vie: le chef du gouvernement a balayé large dans cette figure imposée de la démocratie parlementaire, qui devrait rapidement être suivie d’une motion de censure promise par la gauche, mais que le RN a dit ne pas vouloir voter d’emblée.
M. Barnier s’est également dit «ouvert» à une réflexion «sans idéologie» sur la proportionnelle à l’Assemblée nationale. Après avoir ironisé sur les «lignes rouges, parfois très rouges» des différents partis, le Premier ministre a fixé les siennes: «Aucune tolérance» à l’égard du racisme, de l’antisémitisme, des violences faites au femmes, du communautarisme. «Aucun accommodement sur la laïcité» et aucune remise en cause de la loi Veil sur l’IVG comme du mariage pour tous et de la PMA.
Le chef du gouvernement a évoqué mardi le respect de l’Etat de droit comme «indissociable» de la «fermeté de la politique pénale que les Français demandent». Son ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau avait suscité de nombreuses critiques dans le camp présidentiel et au-delà pour ses sorties sur «l’État de droit» qui n’est «pas intangible, ni sacré».
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