ÉLECTIONS EUROPéENNES : LES PETITS PARTIS LES PLUS ATYPIQUES

Dans certains pays comme l'Allemagne, il n'y a pas de seuil minimum pour qu'un parti se présente aux élections européennes. View on euronews

Les élections européennes auront lieu en juin et les partis bien établis se battent pour obtenir des voix afin d'élire 720 députés européens qui détermineront l'évolution de la législation européenne au cours des cinq prochaines années.

Mais il existe également une multitude de petits partis présentant un programme plus "original." Voici quelques exemples.

1. Parler en espéranto

En France, les électeurs peuvent voter pour le parti Europe Démocratie Espéranto, qui cherche à ajouter cette langue artificielle, inventée en 1887, à la liste des 24 langues officielles de l'Union européenne.

"Les organes de l'Union européenne fonctionnent presque exclusivement en anglais", peut-on lire sur le site web du parti. "La population européenne est coupée de ses dirigeants."

L'absence de l'espéranto est-elle vraiment la raison pour laquelle les électeurs se sentent séparés de Bruxelles ? En 2019, 18 587 électeurs français l'ont pensé, plaçant le parti à 0,08 % du total national.

Europe Démocratie Espéranto devenu l'un des 28 partis qui se sont présentés en France mais qui n'ont obtenu aucun eurodéputé, comme des partis promouvant les droits des animaux, le communisme révolutionnaire ou la sortie de la France de l'UE.

2. Booster l'espérance de vie

Outre les partis traditionnels tels que les chrétiens-démocrates et les socialistes, les électeurs allemands peuvent choisir parmi des partis dont les programmes sont dédiés au végétarisme, à l'humanisme et aux droits des animaux.

Ils peuvent aussi opter pour un parti aux intérêts encore plus particuliers, consacré à la recherche biomédicale sur le rajeunissement ou à l'arrêt complet du processus de vieillissement.

Le site web du Partei für schulmedizinische Verjüngungsforschung indique qu'il investira 40 milliards d'euros par an de l'Union européenne pour offrir à chacun une "vie saine et illimitée", promettant aux Européens une espérance de vie de plusieurs milliers d'années.

3. "Ne votez pas pour nous"

En République tchèque, il existe un parti "Ne votez pas pour nous", dont le message pourrait s'avérer tristement populaire.

Les dernières élections européennes de 2019 ont connu une participation record, attribuée à un regain d'intérêt de la part des jeunes électeurs. Mais près de la moitié des électeurs avait choisi de rester à la maison, confirmant un intérêt limité par rapport aux élections nationales.

Le nom complet du site tchèque "Nechceme Vase Hlasy" dirige les utilisateurs vers un site web qui proclame les avantages de l'"anarcho-capitalisme", une théorie politique libertaire qui prône le recul de la réglementation de l'État pour favoriser la liberté.

4. Voter pour un "poulet diabolique"

En Suède, le Ond Kyckling Partiet, ou Parti du poulet diabolique, est l'un des 114 groupes en lice pour les 21 sièges d'eurodéputés du pays.

"A l'origine, le poulet diabolique était une sorte de blague", a déclaré à Euronews Svante Strokirk, le fondateur du parti, qui est également en tête de sa liste électorale. "Je ne me souviens pas exactement pourquoi, mais cela a évolué."

Bien que le parti ait quelques idées politiques, de la réforme des droits d'auteur aux règles électorales, M. Strokirk semble plus intéressé par le fait de tester la facilité avec laquelle il est possible de s'inscrire officiellement en tant que candidat.

Il espère obtenir plus de 100 voix, ce qui représenterait une augmentation significative par rapport aux 39 voix obtenues par le "poulet diabolique" lors des dernières élections nationales.

5. Un "chien à deux queues"

Le Parti du chien à deux queues, créé à Szeged, en Hongrie, il y a près de vingt ans, a commencé à se moquer de la politique traditionnelle, mais il affirme aujourd'hui qu'il est bien plus qu'une simple blague.

Bien que le parti garde son côté humoristique, la candidate principale Marietta Le a déclaré à Euronews que le chien à deux queues "attire l'attention sur les problèmes de la société et de la politique" par le biais d'une "réflexion à long terme basée sur la communauté".

Marietta Le cite des problèmes allant des trottoirs endommagés à la corruption sous le "règne" du Premier ministre Viktor Orbán, au pouvoir depuis 2010.

Les espoirs se portent sur des alternatives telles que Péter Magyar, un ancien proche d'Orbán qui présente 12 candidats au Parlement européen et qui monte en flèche dans les sondages.

Mais Mme Le est convaincue que son parti obtiendra au moins un législateur européen, et elle est en pourparlers pour rejoindre le groupe des Verts du Parlement si c'est le cas.

"Nous n'avons pas besoin de messies, nous avons besoin de milliers de personnes qui vont pelleter la merde pour faire de ce pays un endroit meilleur", a-t-elle déclaré. "Nous sommes un parti drôle - et les autres partis sont des blagues."

6. Humoriste et eurodéputé

Le parti de protestation le plus célèbre - et le plus couronné de succès - est peut-être celui d'Allemagne, appelé simplement Die Partei.

En juin prochain, l'humoriste et fondateur Martin Sonneborn tentera d'obtenir un troisième mandat au Parlement européen, avec un programme qui comprend la promesse de reconstruire le mur de Berlin et de plafonner les prix de la bière et des kebabs.

Selon le site Internet du Parlement, au cours de ses dix années en tant qu'eurodéputé, M. Sonneborn n'a pas rédigé un seul rapport - l'outil clé que les législateurs utilisent pour modifier la législation européenne ou appeler à un changement politique.

M. Sonneborn a déclaré à Euronews qu'il levait le voile sur les institutions européennes opaques et qu'il citait également des interventions sur des questions plus sérieuses, telles que la manière dont la Commission européenne a négocié les contrats de vaccins contre le Covid-19 avec Pfizer et les relations problématiques de l'Union européenne avec l'Azerbaïdjan.

"Les millions de citoyens qui suivent mes discours sur Internet semblent les apprécier jusqu'à présent", a déclaré M. Sonneborn à Euronews dans un communiqué envoyé par courriel. "Il est crucial que nous ne réélisions pas les partis qui ont mené l'Europe à la guerre et à la crise".

Pourquoi y a-t-il autant de partis ?

Pour Sophia Russack, du Centre for European Policy Studies, il n'est pas étonnant qu'il y ait une telle diversité.

"Les élections du Parlement européen constituent toujours un terrain d'essai très intéressant pour les nouveaux partis", a déclaré Mme Russack, chercheuse au sein du groupe de réflexion basé à Bruxelles.

Elle explique que dans certains pays comme l'Allemagne, il n'y a pas de seuil minimum pour qu'un parti se présente aux élections européenne, ce qui représente un bon test avant de chercher à se présenter aux élections nationales, qui ont un seuil minimum de 5 % beaucoup plus difficile à atteindre.

"Les partis satiriques apportent de la fraîcheur... Je ne pense pas qu'il soit nécessairement malsain pour la démocratie d'avoir des partis comme celui-ci", a déclaré Mme Russack.

Mais elle estime les règles du Parlement européen sont défavorables aux iconoclastes qui ne peuvent s'intégrer dans aucune des grandes familles politiques de l'hémicycle, qui sont actuellement au nombre de sept.

"Le pouvoir et l'influence sont distribués par les groupes et l'affiliation à un groupe", explique-t-elle. Voilà sans doute pourquoi des eurodéputés comme M. Sonneborn n'ont pas eu l'occasion de se lancer dans le travail législatif. "Sans groupe, vous n'êtes rien."

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