ESPAGNE : ANALYSE DE LA DéCISION DE PEDRO SáNCHEZ DE NE PAS DéMISSIONNER

Le Premier ministre espagnol a annoncé qu’il restait à son poste. Une décision qui a lui a permis de mobilisier son électorat avant les élections européennes, selon les experts. View on euronews

Soulagement pour la gauche espagnole. Le Premier ministre, Pedro Sánchez, est sorti de son silence ce lundi et annoncé sa décision : "J'assume la décision de continuer avec encore plus de force à la tête de la présidence du gouvernement espagnol."

Après la vague de soutien et d'approbation des cinq derniers jours, à la fois dans la rue comme au sein de son gouvernement et de son parti, Pedro Sánchez a décidé de résister.

"C'était vraiment attendu. Rien ne l'incitait, ni lui, ni son parti, ni ses partenaires parlementaires à démissionner aujourd'hui, au-delà de questions personnelles" estime Diego Bayón, Directeur du plaidoyer chez Harmon Consulting.

Muré dans le silence depuis l’annonce, mercredi, de l’ouverture d’une enquête contre sa femme, Begoña Gómez, pour "corruption" et "trafic d’influence" instiguée par l’extrême droite, le Premier ministre espagnol a vivement critiqué la "campagne de diffamation" et le "harcèlement" dont a été victime, selon lui, son épouse.

Mais beaucoup se demandent s’il était nécessaire de remettre en cause l'avenir du gouvernement.

"Je pense que nous nous attendions tous à ce que s'il décidait de continuer, il soulèverait une question de confiance pour renforcer son soutien parlementaire ou annoncerait une série de mesures de régénération démocratique qui pourraient mettre un terme à la situation qu'il dénonce lui-même" explique Diego Bayón.

Pedro Sánchez a surtout réussi à mobiliser une nouvelle fois son électorat à l'approche des élections européennes.

"Cela lui permet de changer l’orientation du récit. On ne parle plus tellement des enquêtes judiciaires en cours qui touchent à la fois son parti et son épouse, et en plus de changer le récit, cela permet, avec cette logique de deux blocs et la nécessité d'arrêter l'extrême droite et de construire un mur contre le Parti Populaire et Vox, pour fédérer son électorat face aux prochaines élections" affirme Diego Bayón.

Reste à savoir si le juge poursuivra l'enquête sur les allégations de corruption de l'épouse du Premier ministre ou si, comme le suggèrent la plupart des experts, elle finira par être déboutée. Mais intentionnellement ou non, la menace de démission de Pedro Sánchez a laissé ses opposants perturbés et a réussi à bouleverser les sondages. Selon le Centre démocratique national espagnol, le Parti socialiste devance désormais de dix points le Parti populaire en termes d'intentions de vote après l'annonce de Sánchez de faire une pause.

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