L'ancien conseiller fédéral Alain Berset serait un «danger pour le Conseil de l'Europe», estimait la délégation estonienne à Strasbourg. Cette tentative d'empêchement de l'élection du candidat fribourgeois aurait même eu lieu avec la bénédiction de l'Ukraine.
Les relations entre l'Ukraine et la Suisse semblaient au beau fixe. Au Bürgenstock, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait vivement remercié la Suisse pour son rôle de «médiateur et de promoteur de la paix». La présidente de la Confédération Viola Amherd avait célébré la nouvelle amitié avec ce pays déchiré par la guerre.
L'harmonie a également été invoquée la semaine dernière à Strasbourg par Alain Berset: «L'Ukraine aura la priorité absolue», a promis l'ancien conseiller fédéral après son élection au poste de secrétaire général du Conseil de l'Europe.
Mais derrière cette façade brillante, les fissures entre Berne et Kiev commencent à se faire voir. Car mardi, l'élection d'Alain Berset ne s'est pas déroulée de manière aussi harmonieuse qu'il n'y paraît. Après le premier tour de scrutin, qui laissait présager la victoire du Suisse, les adversaires du Fribourgeois ont commencé à trembler. Les deux challengers de ce dernier étaient l'Estonien Indrek Saar et le Belge Didier Reynders, ainsi que Frank Schwabe, le chef du groupe parlementaire socialiste.
Puis soudain, un représentant de la délégation estonienne s'est précipité devant la tête du groupe libéral (Alde) et a prononcé un vibrant plaidoyer contre Alain Berset. Celui-ci prendrait des positions problématiques dans la guerre en Ukraine et serait donc suspecté d'être favorable à Poutine, a averti l'orateur. Il représenterait donc un «danger pour le Conseil de l'Europe». Plusieurs témoins ont confirmé ce choix de mots au SonntagsBlick. Mais cette tentative n'a pas suffit: Alain Berset a été élu avec 114 voix sur 245, l'Estonien a fait 85 voix, le Belge 46. Mais il reste trois constats amers pour le nouvel élu.