COMMENT 20 MINUTES A FINI SUR LA LISTE DU PORNO INTERDIT DE FEDPOL

Cette semaine, le site d'information le plus consulté de Suisse a été en partie bloqué «par inadvertance» par la Confédération. Lors d'un test, il s'est retrouvé sur la liste... de la pornographie interdite, qui comprend notamment les contenus pédocriminels et zoophiles. Que s'est-il passé?

L'Etat qui bloque un site d'information durant plusieurs heures sans raison? Non, nous ne sommes pas en Chine ou en Russie, mais bien en Suisse: de mardi soir à mercredi midi, ce n'est rien de moins que le site d'information le plus consulté du pays, 20 minutes, qui a été bloqué par les autorités.

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Un grand portail d'info suisse a été bloqué par Fedpol

Les versions française et allemande du site se sont vu empêchées d'accès par ses lecteurs par l'Office fédéral de la police, alias Fedpol. Ou, plus précisément: le lien URL du site commençant par «www». Pendant ce temps, l'application, elle, fonctionnait toujours correctement.

L'institution s'en est excusée et a expliqué avoir commis une erreur dans la gestion de sa «liste de blocage». «L'erreur a été immédiatement corrigée», explique-t-elle sur le réseau X.

Enfin, par «immédiatement», comprendre: «immédiatement après que Fedpol en a été informé», nous indique son porte-parole, c'est-à-dire après plusieurs heures. Ce n'est d'ailleurs pas Fedpol qui a remarqué l'erreur: c'est l'Office fédéral de l'informatique et des télécommunications qui a «attiré l'attention» au sujet de l'erreur.

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Alors, que s'est-il passé? Fedpol dispose-t-elle d'un «bouton rouge» permettant de bloquer immédiatement le moindre média? C'est un peu plus compliqué que ça.

Sur la liste des sites de «pornographie interdite»

Contactée, Fedpol indique que 20 minutes a été mis sur une «liste noire, sur laquelle figurent tous les domaines connus qui diffusent des contenus pornographiques interdits». Comme la «pornographie enfantine et animale». Comprendre: pédophile et zoophile.

Mais comment le site de 20 Minutes s'est-il retrouvé sur cette liste? Une photo mal analysée par un algorithme de Office fédéral de la police aurait-elle pu faire tomber le plus grand site d'information suisse dans la pire des listes? Rien de tout ça.

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Il ne s'agit rien de moins qu'une erreur lors d'un test. «Le blocage est dû à une erreur d'utilisation de Fedpol», reconnaît volontiers l'office fédéral. «Plusieurs fois par année, le système est testé pour vérifier s'il est toujours capable de gérer les techniques web les plus récentes», indique son porte-parole.

«Par inadvertance» sur la liste du porno interdit

Hors, lors de ce dernier test, 20 minutes a été utilisé – parmi d'autres – comme «benchmark», c'est-à-dire comme adresse de référence pour effectuer l'essai. Une des raisons qui explique ce choix est notamment qu'il s'agit d'un site «à jour au niveau technique». Le test aurait dû, selon toute logique, se conclure en gardant le site d'info dans la «bonne liste». Sauf que ça ne s'est pas passé comme prévu.

«20 minutes s'est retrouvé par inadvertance sur la liste de blocage»

- Fedpol -

Le problème ne s'est pas arrêté là, puisque «Fedpol ne bloque pas lui-même les sites web, mais met la liste noire à disposition des fournisseurs d'accès Internet suisses, à qui incombe la mise en œuvre du blocage technique». Autrement dit, un autre tiers était encore présent dans l'équation: le fournisseur d'accès de TX Group (anciennement Tamedia), qui édite 20 minutes.

«Les collaborateurs qui utilisent la liste seront sensibilisés en interne»

- Fedpol -

Ce site gratuit est financé par la publicité en ligne. Son accès sur le net bloqué, cela veut dire de nombreuses publicités non affichées et une baisse des recettes publicitaires durant la panne. Le média peut-il demander un dédommagement financier à la Confédération?

«Les personnes lésées ont la possibilité de formuler des demandes d'indemnisation»

- Fedpol -

Contacté, le rédacteur en chef de 20 minutes, Philippe Favre, préfère ne pas commenter l'affaire. «Le cas est étudié au siège de TX Group, à Zurich, où on décidera de la suite à donner», y compris pour le volet des indemnisations, précise-t-il.

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