COMPLICITé DE TRAFIC DE DROGUES: L’EX-MAIRE DE CANTELEU RELAXéE

Son adjoint et amant Hasbi Colak, qui avait notamment prêté sa voiture ayant servi à une transaction de cocaïne en Seine-Saint-Denis, a en revanche été condamné à un an de prison avec sursis.

Le tribunal correctionnel de Bobigny a relaxé jeudi Mélanie Boulanger, ex-maire de la petite ville de Canteleu (Seine-Maritime), des poursuites pour complicité de trafic de stupéfiants. Si le tribunal a noté un «affaiblissement des garde-fous déontologiques» de l’élue socialiste de 47 ans, qui entretenait une relation avec son adjoint proche des trafiquants, il a en revanche considéré qu’il n’y avait dans le dossier aucun «acte positif» susceptible de caractériser une complicité.

L’élue socialiste, qui a démissionné en février du mandat qu’elle détenait depuis 2014, clamait son innocence depuis sa garde à vue d’octobre 2021. Elle démentait tout acte ayant favorisé les affaires du clan Meziani, famille qui tient d’une main de fer le trafic de drogues de sa ville.

Au nom d’une République «exemplaire» face à la pieuvre du narcotrafic dans cette «narcoville», le Parquet de Bobigny avait fin juin requis à son encontre un an de prison avec sursis, ainsi que cinq années d’inéligibilité et 10'000 euros d’amende.

Pour la procureure, la transmission aux trafiquants de certaines informations sensibles par la maire sous pression, ainsi que quelques-unes de ses interventions auprès de la police locale, signaient un «pacte de non-agression» avec les trafiquants. Le tribunal a en revanche condamné à un an de prison avec sursis son adjoint et amant Hasbi Colak, qui avait notamment prêté sa voiture ayant servi à une transaction de cocaïne en Seine-Saint-Denis, pour «sanctionner les atteintes à la probité en tant qu’élu».

18 prévenus

Lors d’un procès chaotique étalé de fin mai à fin juin, le tribunal de Bobigny a jugé 18 prévenus en lien avec un trafic «de très haute intensité» de cocaïne, d’héroïne et de cannabis basé à Canteleu, commune pauvre de l’agglomération de Rouen. Selon une estimation du tribunal, cette organisation criminelle a généré un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros sur les deux années visées par l’enquête, entre 2019 et 2021.

«Le tribunal a constaté une présence quasi dynastique sur Canteleu, renforcée par les liens d’amitiés et de mariages, donnant au groupe délinquant un aspect clanique particulièrement difficile à infiltrer», a déclaré son président, Jean-Baptiste Acchiardi.

A la tête de cette «entreprise délinquante générant des rentrées de capitaux exceptionnelles», Aziz Meziani, dit «Le U», le chef de clan en fuite au Maroc, a été condamné en son absence à la peine maximale de 10 ans de prison, ainsi que deux millions d’euros d’amende. Tous les autres prévenus du dossier ont été condamnés à des peines allant de deux ans avec sursis à huit ans de prison.

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