DES PROCANNABIS RISQUENT DE TORPILLER LA LIBéRALISATION

La récolte des paraphes pour l’initiative en faveur de la weed peut démarrer. Le texte revient à se tirer une balle dans le pied, selon les experts.

La prohibition n'est pas la solution. Du moins, en matière de cannabis, elle «n’empêche pas une grande partie de la population de consommer et le marché noir offre des bénéfices importants à des organisations criminelles», considère le Groupement romand d'études des addictions (GREA). Ainsi, ce dernier prône une régulation de cette drogue douce.

Le GREA devrait donc se réjouir que, ce mardi, la Chancellerie fédérale ait validé le lancement d'une initiative en faveur de sa légalisation. Or il n'en est rien. Le groupement relève que le timing est très mal choisi, des projets pilotes étant en cours dans la plupart des grandes villes du pays, notamment à Genève et à Lausanne.

Mais c'est surtout le contenu de l'initiative qui pose problème, selon le GREA. «Elle est totalement contre-productive, car elle comprend plusieurs points qui ne passeront jamais. Et à chaque fois qu'une initiative est rejetée par le peuple, cela bloque le débat durant plusieurs années», regrette Camille Robert, cosecrétaire générale. En clair, le GREA demande à la population de faire confiance aux autorités et de ne pas signer l'initiative.

Conduire sous influence

Dans le détail, le texte souhaite autoriser la vente de cannabis à des fins commerciales, la culture jusqu'à 50 plants ou encore la possession jusqu'à 3 kilos. Et elle va même jusqu'à demander que «le taux limite de THC dans le sang soit fixé de manière qu’une personne qui consomme jusqu’à cinq grammes par jour (d'une teneur max en THC de 5%) puisse participer à la circulation routière».

Sur son site, la New Future Innovations Alliance (NFIA), sorte de miniparti politique à l'origine de l'initiative, soutient que la commercialisation des produits permettra de «favoriser l'économie en créant des emplois et des recettes fiscales»; que la culture de 50 plants «permet aux citoyens d'atteindre un certain niveau de responsabilité et d'autosuffisance», et que stocker 3 kilos «offre aux personnes une certaine flexibilité et commodité». Et Camille Robert de rétorquer: «Avec de telles quantités, on ne peut plus parler de consommation personnelle.»

Quant à relever le seuil de THC autorisé au volant, l'objectif de la NFIA est «de s'assurer que les personnes qui consomment du cannabis en soirée puissent toujours participer à la circulation routière en toute sécurité le lendemain. Car aujourd'hui il faut attendre jusqu'à quatre ou cinq jours pour pouvoir conduire après avoir fumé un joint.»

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