DIFFICILE RETOUR à LA NORMALE à DUBAï

La quantité d'eau énorme tombée sur la ville a beaucoup de peine à être évacuée.

Trois jours après les pluies torrentielles qui se sont abattues sur Dubaï, Riaz Haq ne peut toujours pas rentrer dans sa maison inondée, où il a dû passer plus de 48 heures coincé au deuxième étage.

Si vendredi, certains quartiers du Dubaï renouaient avec leurs activités, d’autres comme celui de Riaz Haq étaient encore sous les eaux. «Nous ne savons pas quand nous pourrons retrouver une vie normale», lâche cet expatrié britannique qui s’est provisoirement installé dans un appartement, après avoir été évacué jeudi avec sa femme et son chien.

Mardi, des précipitations sans précédent ont provoqué des inondations spectaculaires dans la plupart des régions des Émirats arabes unis, pays pourtant désertique, et notamment dans la ville de Dubaï, qui attire chaque année des millions de touristes.

Un  mètre d'eau dans le salon

Dans un complexe résidentiel, construit en 2018 et situé non loin de la célèbre Burj Khalifa, la plus haute tour du monde, Riaz Haq a vu son quartier se transformer en piscine en seulement quelques heures. «Nous n’arrivions pas à empêcher l’eau d’entrer dans la maison. Nous sommes allés nous coucher, il y avait un demi-mètre d’eau. Au réveil, nous avions un mètre dans le salon», raconte cet avocat installé dans l’émirat du Golfe depuis 2022.

«Le frigo, les canapés, la machine à laver, même ma voiture, toute neuve, étaient en train de flotter». Avec le retour du soleil le lendemain de la tempête, le couple a cru que la situation allait s’améliorer, restant au deuxième étage de sa maison, sans eau courante mais avec des bouteilles d’eau et un peu de pain.

Au fil des heures, l’odeur nauséabonde émanant des eaux, le risque d’électrocution et le manque de vivres les a convaincus qu’ils devaient sortir.

«J’ai appelé la police dans la nuit, ils m’ont dit qu’ils viendraient vite. Le lendemain matin, j’ai appelé les agents de sécurité du complexe qui m’ont dit qu’ils viendraient nous chercher en canoé, mais qu’ils avaient 18 autres familles à évacuer», raconte-t-il. Alors que les services de secours étaient débordés par l’ampleur des inondations dans la ville, c’est finalement son voisin, propriétaire d’un petit bateau, qui est venu à son secours.

Dubaï, qui enregistre en moyenne 70 à 100 millimètres de pluie par an, a reçu en une seule journée l’équivalent d’un an et demi à deux ans de précipitations, souligne le chercheur Karim Elgendy, du groupe de réflexion britannique Chatham House.

En quelques heures mardi, ses autoroutes imposantes, ses célèbres centres commerciaux et même son aéroport, l’un des plus fréquentés au monde, ont été inondés sans que l’eau ne puisse être évacuée, contrastant avec son image de ville ultramoderne.

De nombreux vols ont été annulés ou retardés, tandis que les difficultés d’évacuation ont perturbé les services de base, empêchant les supermarchés de se réapprovisionner et de nombreux employés de se rendre à leur travail.

Quatre personnes sont mortes

Par ailleurs, quatre personnes, dont deux femmes Philippines, ont péri dans ces inondations.

Vendredi, la vie reprenait peu à peu son cours normal, mais plusieurs routes étaient encore inondées et le trafic aérien toujours perturbé.

D’après Karim Elgendy, le drainage des eaux pluviales n’a pas été suffisamment pris en compte lors de la planification de Dubaï. Or, une fois une ville construite, «il est presque impossible de réaménager la gestion des eaux pluviales», poursuit-il.

À défaut, les autorités ont recours à des camions de pompage d’eau, comme dans le quartier de Riaz Haq. «Il faudra peut-être des jours pour enlever toute l’eau», dit l’expatrié, «mais je suis certain que les autorités feront en sorte que nous puissions retrouver rapidement nos maisons».

Le géant du bâtiment Emaar Properties, basé à Dubaï, a annoncé vendredi qu’il réparerait gratuitement les dégâts causés dans ses complexes résidentiels. «Nous nous engageons à assurer la réparation complète des logements de nos clients», a déclaré le président du groupe, Mohammed Alabbar, dans un communiqué publié par le bureau de presse du gouvernement de Dubaï.

À ce jour, le gouvernement n’a pas publié de chiffres sur le nombre de maisons endommagées ni sur le montant des dégâts subis. Mais ces inondations ont d’ores et déjà «un coût en termes de réputation», souligne Karim Elgendy.

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