FREIN AUX COûTS: «ON SE DIRIGE VERS UNE MéDECINE à DEUX VITESSES»

S'appuyant sur ses expériences à l'étranger, un pédiatre affirme que l'une des initiatives en ballotage, le 9 juin, risque de provoquer des effets secondaires indésirables.

Le 9 juin, il sera beaucoup question de santé, les citoyens suisses étant appelés à se prononcer sur deux initiatives dans ce domaine. L'une concerne les subsides, l'autre les dépenses. Lancée par le Centre, cette dernière demande que si les coûts augmentent davantage que les salaires, les autorités agissent pour limiter cette croissance.

Le pédiatre Christoph Stüssi pense toutefois que, en cas d'acceptation par le peuple, cette initiative entraînera des effets secondaires indésirables. Selon lui, ce mécanisme introduirait une médecine à deux vitesses. «Concrètement, nous traiterions les assurés complémentaires en premier et reporterions les autres, ou nous n'accepterions plus que les assurés complémentaires dans nos cabinets. C'est aussi simple que cela», dit-il, dans les colonnes de Blick.

L'exemple de l'Australie et de l'Autriche

Pour articuler sa théorie, le pédiatre s'appuie sur son expérience à l'étranger. Il donne comme exemple l'Australie, où «il était tout à fait normal que les parents doivent payer un supplément ou qu'ils aient une assurance complémentaire pour que leurs enfants soient traités ou opérés rapidement». En Autriche aussi, où peu de médecins de famille accepteraient encore de travailler avec les caisses, le remboursement ne couvrant pas les frais réels. «Je crains qu'avec un frein aux coûts, ce genre de modèle ne s'impose tôt ou tard en Suisse aussi», déclare Stüssi.

Le conseiller aux États, Erich Ettlin (Le Centre, OW) n'est pas du même avis. «Il est naturel que les fournisseurs de prestations se mobilisent contre l'initiative. Leur argumentation n'est toutefois pas correcte. En fait, c'est exactement l'inverse: si nous voulons continuer à offrir une médecine pédiatrique de qualité égale pour tous, nous devons économiser sur les coûts inutiles. C'est en ne faisant rien que nous aurons une médecine à deux vitesses.»

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