JOSé RAUL MULINO EN TêTE DE LA PRéSIDENTIELLE AU PANAMA

José Raul Mulino, remplaçant de l’ex-président Ricardo Martinelli, condamné pour blanchiment, est largement en tête de l’élection présidentielle au Panama.

Le favori des sondages pour la présidentielle au Panama, José Raul Mulino, remplaçant de l’ex-président Ricardo Martinelli (2009-2014) condamné pour blanchiment et réfugié à l’ambassade du Nicaragua, est largement en tête après le dépouillement dans 50% des bureaux de vote, selon le décompte du tribunal électoral.

Avec 33,96% des voix, José Raul Mulino, avocat conservateur de 64 ans, devance de neuf points le candidat de centre-droit, l’ancien consul Ricardo Lombana. Trois millions de Panaméens étaient appelés à élire leur président, renouveler les 71 députés du parlement monocaméral et les gouvernements régionaux dans cette élection à un tour et à la majorité simple.

Ces résultats préliminaires sont en phase avec le dernier sondage d’opinion qui créditait José Raul Mulino de plus de 37% des intentions de vote, près de 20 points devant ses poursuivants immédiats.

Crise migratoire

L’ombre de l’ex-président Martinelli, un temps candidat à un nouveau mandat mais rattrapé par la justice qui l’a condamné à 11 ans de prison pour blanchiment, plane sur cette élection qui intervient alors que le Panama souffre d’une corruption endémique, vient de traverser une grave sécheresse et que la question migratoire est omniprésente avec l’entrée dans le pays en 2023 d’un demi-million de migrants en route vers les États-Unis à travers la redoutable jungle du Darién à la frontière colombienne.

Le milliardaire de 72 ans est également poursuivi pour écoutes téléphoniques illégales et corruption dans le méga-scandale de l’entreprise de construction brésilienne Odebrecht.

Ne pouvant se présenter, Ricardo Martinelli, réfugié depuis le 7 février à l’ambassade du Nicaragua avec son chien Bruno, a désigné José Raul Mulino, son colistier pour la vice-présidence, comme son successeur. Et c’est grâce à l’aura de Ricardo Martinelli que José Raul Mulino survole les enquêtes d’opinion.

«Mon frère»

José Raul Mulino a été ministre de la Sécurité sous le mandat Martinelli, puis ministre des Affaires étrangères et ministre de la Justice. Entre 2015 et 2016, il a été placé en détention provisoire pour corruption, avant d’être libéré pour des erreurs de procédure.

Les Panaméens estiment à 65%, selon un sondage Doxa, que si José Raul Mulino l’emporte, c’est l’ancien président Martinelli qui agira dans l’ombre. Et qui pourrait, en cas de victoire de son dauphin, se voir offrir un sauf-conduit au Nicaragua ou être gracié. Un scénario redouté par l’antenne au Panama de l’organisation anticorruption Transparency international: «Ce serait le triomphe de l’impunité», craint sa représentante Lina Vega.

D’ailleurs, après avoir voté, José Raul Mulino s’est rendu à l’ambassade du Nicaragua où il a retrouvé Ricardo Martinelli. Les deux hommes se sont salués d’une accolade chaleureuse, et échangé des «mon frère», «nous allons gagner», selon une vidéo publiée par l’équipe de campagne du parti Realizando Metas (RM), fondé par Ricardo Martinelli.

Panama inégalitaire

«La situation économique est très complexe», estime l’économiste Felipe Chapman. Le bilan du président sortant social-démocrate Laurent Cortizo est miné par un déficit de 7,2% et une dette publique de 50 milliards de dollars.

Le futur président et son gouvernement devront faire face à des prévisions économiques en berne avec une croissance chutant de 7,3% en 2023 à 2,5% en 2024, selon le Fonds monétaire international (FMI). Des milliers d’emplois ont été perdus avec la fermeture de la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert d’Amérique centrale sur fond de manifestations environnementales et de polémique autour du contrat de concession.

Et le canal de Panama, par lequel transitent environ 6% du commerce maritime mondial, a dû limiter son trafic en raison d’une sécheresse qui a vidé les lacs d’alimentation en eau douce des écluses et remet en question sa pérennité. Dans un pays dont le PIB par habitant est l’un des plus élevés d’Amérique latine, le Panama «reste l’un des pays les plus inégalitaires au monde», selon un rapport de la Banque mondiale.

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