L'ALLEMAGNE LE FAIT DéJà: POURQUOI BEAT JANS NE VEUT PAS PLUS DE CONTRôLES AUX FRONTIèRES

L'UDC réclame depuis longtemps cette mesure pour réduire l'entrée des migrants. Mais le Conseil fédéral s'oppose à des contrôles systématiques à la frontière. Mais pourquoi? Explications.

La ministre allemande de l'Intérieur, Nancy Faeser, est d'accord avec l'UDC. D'ailleurs, l'Allemagne a réintroduit des contrôles aux frontières et veut les renforcer cet été. L'UDC demande la même chose pour la Suisse.

Mais la situation juridique de notre pays est stricte: «en cas de menace grave pour l'ordre public ou la sécurité intérieure», la Suisse, en tant qu'État Schengen, peut réintroduire des contrôles aux frontières «notamment à la suite d'incidents terroristes» ou «de menaces liées au crime organisé». Nous sommes loin d'être dans une telle situation aujourd'hui, comme le Conseil fédéral l'a déjà fait savoir à l'UDC à la mi-février, lorsque celle-ci a demandé davantage de protection à la frontière. La position de la Berne fédérale n'a pas changé.

«Le Conseil fédéral est convaincu que les contrôles aux frontières intérieures n'ont que peu ou pas d'influence sur la migration secondaire irrégulière. Cela a été démontré ces dernières années à de nombreuses frontières européennes», explique le Conseil fédéral dans sa réponse à l'UDC.

L'Allemagne renforce la protection des frontières

C'est pourquoi le Conseil fédéral ne se réjouit pas. Et il ne comprend pas non plus les contrôles frontaliers effectués par notre voisin du nord. «Nous souhaitons toujours que les contrôles aux frontières avec l'Allemagne cessent», a déclaré le ministre de la Justice Beat Jans à Nancy Faeser lors d'une rencontre avec les ministres de l'Intérieur.

Mais la ministre de l'Intérieur allemande n'envisage pas de mettre fin à ces vérifications. Au contraire: «Nous allons plutôt étendre les contrôles aux frontières», a annoncé Nancy Faeser. Elle a notamment justifié sa décision en raison du championnat d'Europe de football qui se déroulera en juin en Allemagne. Les contrôles seront aussi étendus aux frontières avec la France et d'autres pays. L'Euro est-il une raison suffisante pour justifier les contrôles aux frontières? Des doutes subsistent. 

Lutte contre les réseaux de passeurs

Ainsi, l'UDC et son entourage qui, à l'instar du chef de groupe Thomas Aeschi, souhaitent davantage de contrôles aux frontières, peuvent se réjouir que la ministre allemande leur fournisse des cartouches dans leur lutte contre un rapprochement avec l'UE.

Apparemment, ce n'est pas le droit qui s'applique dans l'Union européenne, mais la loi du plus fort, c'est-à-dire celui l'Allemagne. Pourquoi faudrait-il conclure de nouveaux accords avec une telle Union? Après tout, la Suisse négocie actuellement avec Bruxelles la réédition d'un accord-cadre. «Depuis que nous avons introduit les contrôles aux frontières, nous enregistrons un recul massif de la migration irrégulière», assure Nancy Faeser. Et surtout, nous avons eu «un très grand succès» dans la lutte contre les passeurs.

En Suisse, la migration irrégulière a aussi diminué en mars par rapport au mois précédent, selon les derniers chiffres de l'Office fédéral des douanes et de la sécurité des frontières (OFDG). Les passages irréguliers se produisent principalement à la frontière sud, c'est-à-dire en provenance d'Italie. En mars, elles étaient au nombre de 653, alors qu'en février, elles étaient presque deux fois plus nombreuses (1160). En ce qui concerne les passeurs présumés, les chiffres sont légèrement inférieurs à ceux du mois précédent et de mars 2023. 

Si le Conseil fédéral avait soudain l'idée de surveiller étroitement les frontières, il le ferait surtout au portail sud. Cela ne manquerait pas de provoquer des remous à Rome. Et les négociations avec Bruxelles pour un nouvel accord bilatéral ne seraient pas plus faciles. L'UDC pourrait alors se réjouir doublement.

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