L’INDéPENDANCE DE L’ENQUêTE SUR LE «SIMPLON» MISE EN CAUSE

La Vert’libérale Graziella Schaller regrette le choix d’un des experts devant faire la lumière sur l’enchaînement des événements qui ont conduit à l’accident.

«J’ai tiqué quand j'ai vu la composition du groupe d’experts.» Comme beaucoup d’amoureuses et d’amoureux de la flotte Belle Époque, la députée Graziella Schaller est en plein questionnement après l’accident du bateau «Simplon», le 29 mars dernier. Dans la nuit de Vendredi-Saint, la vaudaire fracassait sur les quais de Cully le bateau historique de la CGN, parqué là après une panne et un remorquage raté.

Ce qui taraude la Vert’libérale? L’impartialité des experts nommés pour piloter l’enquête mandatée par la CGN. Graziella Schaller a fait part de ses doutes au Grand Conseil dans un texte déposé la semaine passée et attend le point de vue du Conseil d’État ce mardi.

«Anciens collègues»

Parmi les personnes qui devront faire toute la lumière sur l'enchaînement des faits malheureux figurent Christian Wahl, figure du Bol d’Or, Jean-Pierre Mortreux, expert français, Luc Amiguet, ancien chef de la sécurité de Genève Aéroport, et enfin Jacques Antenen, ancien commandant de la police cantonale vaudoise.

C’est ce dernier qui poserait problème, non pas pour «sa personne» mais pour «ses liens» avec l’actuel directeur de la CGN, Pierre Imhof, insiste la parlementaire. Sans les évoquer nommément dans son texte, Graziella Schaller rappelle entre les lignes que Pierre Imhof est un ancien chef de l’aménagement du territoire (2015-2023) et que Jacques Antenen, lui, a été au même moment patron de la police vaudoise (2009 et 2022).

Contactée par téléphone, l’élue réitère ses réticences, même si les principaux intéressés n’ont jamais travaillé au sein du même département: «Ils se connaissent. En plus, avant 2015, Pierre Imhof était directeur de l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM). Dans cette position, il a forcément collaboré à maintes reprises avec la police et donc avec Jacques Antenen.»

Le problème selon elle? Des risques de collusion ou au contraire une enquête à charge en cas de mésentente dans le passé. «Il aurait dû se récuser, ou alors le conseil d’administration aurait dû faire attention à nommer des personnes sans lien professionnel ou privé. Je ne suis pas la seule à le penser.»

Un ancien président du conseil d’administration de la CGN, Kurt Oesch, partage les mêmes préoccupations, tout en soulignant également qu’il ne s’agit pas de «remettre en question les compétences des experts». «Je m’étonne également que la CGN finance elle-même cette expertise. Je sais que cela a aussi questionné des donateurs. Il faut pourtant une procédure irréprochable, la plus neutre possible, pour lever tous les doutes possibles dans cette affaire.»

Procédure publique

Responsable de nommer les experts, c’est le conseil d’administration de la CGN qui nous a répondu par la voix de son président, Benoît Gaillard.

«Nous avons souhaité privilégier un collège d’experts intercantonal et international pour justement assurer un croisement de points de vue et éviter qu’un seul avis ne prenne le dessus. Notre compagnie possède et exploite le bateau. En l’absence d'investigation fédérale, il nous semble logique que notre conseil d’administration mandate et finance cette enquête. Sinon, il n’y aurait pas d’enquête du tout.»

Quant aux soupçons d’éventuels risques de collusion entre les différentes parties, Benoît Gaillard les balaie également: «Trouver autour du lac des personnes compétentes pour traiter cette affaire mais sans aucun lien avec la CGN relève de la gageure. Ce que je peux vous assurer, c’est que nous n’avons aucun intérêt à ce que cette enquête soit biaisée. Nous avons déjà dit que nous rendrions le résultat public.»

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