L'UNIVERSITé DE FRIBOURG éJECTE LES COMMUNISTES RéVOLUTIONNAIRES

S'estimant trahi, le rectorat de l'Université de Fribourg destitue la Marxist Society, une association étudiante marxiste qui servait de tremplin à la création d'un Parti communiste révolutionnaire. Une décision tardive, alors que tout était clair dès septembre dernier. L'Université de Genève, pas moins touchée par ce phénomène d'entrisme, a pris une autre décision.

Invoquant la «liberté d’expression», les autorités cantonales et universitaires avaient donné leur accord à la tenue d’une «Ecole Lénine» le 24 février dans les locaux de l’Université de Fribourg. Il apparaissait clairement que cette formation au marxisme-léninisme participait d’une campagne de recrutement menée par un groupe d'extrême gauche du nom de l’Etincelle, en vue de la création, en mai, d’un Parti communiste révolutionnaire (PCR).

Dès septembre dernier, watson avait rendu compte de l’entrisme universitaire pratiqué par l’Etincelle, à Genève comme à Fribourg. Plus tard, dans un article du 21 février, nous constations la passivité du rectorat de l’Université de Fribourg à l’approche de l’«Ecole Lénine» du 24, organisée sous le label du PCR en gestation.

«Ecole Lénine» à l'Uni de Fribourg: le recrutement communiste s'intensifie

Il a fallu un mois au rectorat pour opérer un virage à 180 degrés. Dans un communiqué daté du 2 avril relatant une décision prise le 25 mars, il annonce avoir «retiré à l'unanimité la reconnaissance en tant qu'organisation estudiantine à la Marxist Society Fribourg, fondée en 2021». La Marxist Society Fribourg ne fait donc plus partie des associations étudiantes de l’université fribourgeoise, lesquelles – ce détail a toute son importance ici – peuvent louer des salles gratuitement dans le cadre de leurs activités universitaires.

Le tort de la Marxist Society Fribourg? Avoir – c’est nous qui traduisons les propos du rectorat – servi de couverture à l’Etincelle et son «bébé» le PCR. Bref, d’avoir trompé son monde. La décision du rectorat peut paraître tardive, dans la mesure où, en octobre déjà, comme il l’écrit lui-même dans son communiqué du 2 avril, les «règles universitaires ont été ignorées».

Jointe par watson, Katharina Fromm, la rectrice de l’Université de Fribourg, donne ses explications.

«En octobre, la Marxist Society avait organisé une manifestation propalestinienne qui avait donné lieu à des violences. L’association s’était engagée par écrit auprès du rectorat à respecter à l’avenir les règles du jeu universitaire. Ce qu’elle n’a pas fait.»

- Katharina Fromm -

Katharina Fromm n’était pas en poste l’année dernière. Elle n’a pris ses fonctions à la tête du rectorat que début février. «En octobre, à ma connaissance, nous ne savions pas que la Marxist Society était liée à l’Etincelle», dit-elle. Ces propos peuvent surprendre, puisque, un mois plus tôt, l’Etincelle avait organisé une première formation au «communisme révolutionnaire» dans les locaux de l’Université de Fribourg par l’entremise de la Marxist Society.

A l’Université de Genève (UNIGE), l’Etincelle s’est pareillement servie d’une société étudiante marxiste préexistante, l’ASEMA, créée en 2015, comme plateforme de recrutement pour le PCR. L'ASEMA a pour but de «préparer la révolution mondiale». Caspar Oertli, tête pensante de l’Etincelle, le reconnaissait fin février auprès de watson: «Je suis membre de l’Etincelle et l’un de cofondateurs de l’ASEMA.»

Ces derniers mois, l’Etincelle et son parti en devenir le PCR ont joué au chat et à la souris avec le rectorat de l’UNIGE. Caspar Oertli assume l'entrisme:

«Les communistes révolutionnaires ont leur place partout, dans les universités comme dans les entreprises»

- Caspar Oertli, en février à watson -

L'Uni de Genève impuissante face au forcing des communistes révolutionnaires

A l'UNIGE, l'association marxiste existe toujours

«A l’UNIGE, l’ASEMA existe toujours, elle garde sa qualité d’association étudiante, rapporte Marco Cattaneo, chef de la communication. Mais nous lui avons indiqué qu’elle ne pouvait pas servir de prête-nom pour des activités politiques, de type recrutement. Le logo PCR ou le nom de l’Etincelle ne doivent pas être associés à l’ASEMA.»

«J’ignore quel arrangement a été trouvé entre le rectorat de l’UNIGE et l’ASEMA. Mais je trouve scandaleuse la décision du rectorat de l’Université de Fribourg, comme je trouve scandaleuses les tentatives de bâillonnement des associations communistes, dont font partie des membres de l’Etincelle, dans les universités de Zurich et Berne.»

- Caspar Oertli -

Gauche radicale et «Free Palestine»

Comme en France, où Jean-Luc Mélenchon a été interdit de parole dans trois universités, la gauche radicale suisse tente de faire des campus universitaires, lieux de la «bataille culturelle», ses bastions. En Suisse comme en France et ailleurs en Occident, cette même gauche use de la guerre à Gaza et du slogan «Free Palestine» comme d’un levier de mobilisation auprès de la jeunesse.

Le Parlement valide l'interdit des symboles nazis et du Ku Klux Klan

Cette radicalité intéressera-t-elle les autorités suisses au moment où le parlement demande au Conseil fédéral d’élaborer une loi pour interdire, entre autres, les signes nazis? On sait l’UDC opposée à la volonté de légiférer sur de tels symboles. Comme on connaît sa position sur les symboles du communisme soviétique, le marteau et la faucille, repris par le PCR, qu’elle considère comme «tout aussi condamnables que la croix gammée». Les radicalités sont définitivement à l'agenda des institutions.

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