LA DROITE DURE FAIT UNE ENTRéE FRACASSANTE AU PARLEMENT

Emmené par Nigel Farage, le parti Reform UK a fait bien mieux que prévu jeudi lors des législatives britanniques, avec 13 sièges à la Chambre des Communes.

Nigel Farage, figure emblématique de la droite dure britannique, a réussi son pari: non seulement il était donné gagnant pour devenir député jeudi, mais son parti Reform UK a fait mieux que prévu, avec une douzaine d’élus, du jamais vu.

Selon les sondages sortis des urnes, le parti anti-immigration et anti-système remporterait 13 sièges à la Chambre des Communes, quand la plupart des enquêtes d’opinion en envisageaient deux ou trois.

Inspiré par Trump

De quoi donner des ailes à cet ancien député européen de 60 ans, redoutable tribun, qui entend faire de son parti la grande force d’opposition d’ici les prochaines législatives de 2029, en remplacement des conservateurs laminés jeudi. Le parti au pouvoir, épuisé par les divisions et 14 ans au gouvernement, a perdu les deux tiers de ses députés, passant de 365 en 2019 et 131 jeudi.

Inspiré d’un Donald Trump qu’il apprécie depuis des années, Nigel Farage avait créé un électrochoc dans la campagne, en annonçant le 3 juin non seulement qu’il était candidat sous l’étiquette du parti anti-immigration Reform UK, à Clacton-on-Sea, ville balnéaire à l’est de Londres, mais qu’il prenait la tête du parti.

Il parle bien, joue sur les peurs, dénonce un pays en «déclin social» et aux services publics «cassés». Il martèle, meeting après meeting, que l’immigration est hors de contrôle, parle d’«invasion des îles» britanniques, amalgame immigration légale et illégale, dénonce les politiques en faveur de l’environnement qui selon lui appauvrissent les petites gens.

Loin d’être un inconnu

Éduqué dans les meilleures écoles privées, ayant commencé sa carrière dans la finance à Londres, il est charismatique, drôle parfois, volontiers provocateur. Le résultat de l’annonce de sa candidature avait été immédiat, Reform UK passant de 12% à 17% des intentions de vote, alors qu’il était à 5% l’an dernier.

Nigel Farage est loin d’être un inconnu. En 1993, cet ancien conservateur est à l’origine de la création du parti UKIP (parti pour l’indépendance du Royaume-Uni). Il est élu député européen en 1999, réélu à trois reprises, jusqu’en 2020.

Il dirige l’UKIP de 2006 à 2016, met sous pression le premier ministre conservateur David Cameron qui a organisé le référendum sur la sortie de l’Union européenne en 2016. Après le passage du Brexit, son plus grand moment de fierté selon lui, Nigel Farage quitte la tête de l’UKIP.

M. Brexit

En 2016, on le retrouve de l’autre côté de l’Atlantique. Il présente Donald Trump, qui l’a surnommé M. Brexit, lors d’un meeting dans le Mississippi. Le 12 novembre, le tout nouveau président élu américain le reçoit à la Trump Tower à New York.

Une photo célèbre montre les deux hommes tout sourire dans l’ascenseur du célèbre immeuble. Nigel Farage voit dans cette élection américaine une «révolution politique».

Il crée un nouveau parti en 2019, le Parti du Brexit (depuis devenu Reform UK), puis entame une carrière lucrative de commentateur politique à la radio puis à la télévision, sur la chaîne conservatrice GB News, pendant quatre ans. Avant les législatives de jeudi, il avait déjà essayé en vain à sept reprises d’être élu à la Chambre des communes.

«Révolte politique»

Il appelle à une «révolte politique», critique les élites, les médias, affuble de surnoms ridicules le travailliste Keir Starmer qui va devenir premier ministre, et le chef du gouvernement sortant Rishi Sunak.

Ses prises de position sur l’Ukraine durant la campagne, affirmant que l’Occident avait «provoqué» la guerre en Ukraine, ont suscité de vives critiques, tout comme les propos racistes et homophobes prêtés à des militants ou candidats de Reform, dont au moins trois ont perdu son soutien.

Mais cet homme deux fois divorcé, père de quatre enfants, et grand-père, a-t-il confié, depuis le 23 juin, dit construire un «mouvement», mener une «révolte» populaire. «Nous avons besoin que Reform soit une voix forte au parlement et dans le pays» insiste-t-il.

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