LA FRANCE AU RENDEZ-VOUS DES ALLIANCES CONTRE L’EXTRêME DROITE

À cinq jours des législatives en France, la campagne entre mercredi dans sa dernière ligne droite.

Le décor est posé, l’issue très incertaine. La France entre mercredi dans la dernière ligne droite des élections législatives anticipées, après la clôture des candidatures et l’émergence d’un fragile front républicain contre une extrême droite en forte hausse.

Selon un décompte de l’AFP, 214 désistements ont été recensés pour le second tour du scrutin, avec le maintien seulement d’une grosse centaine de triangulaires et quadrangulaires (trois ou quatre candidats qualifiés) sur les 311 qualifiées dimanche dernier.

Partis de gauche, de droite républicaine et du centre droit ont tenté de passer outre réticences et contradictions pour battre dimanche le Rassemblement national (RN) et ses alliés d’extrême droite. Si les reports de voix sont insuffisants et si la dynamique du RN se confirme, le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella, 28 ans, composera le premier gouvernement d’extrême droite en France depuis la Seconde Guerre mondiale.

«Émission spéciale»

Mercredi soir, la chaîne privée BFMTV organise une «émission spéciale». Le Premier ministre Gabriel Attal (camp présidentiel), Jordan Bardella, et la patronne des Écologistes Marine Tondelier (gauche) s’exprimeront à tour de rôle pendant chacun une heure, faute de s’être mis d’accord sur un débat en bonne et due forme.

L’échiquier politique français retient son souffle depuis la dissolution surprise de l’Assemblée nationale le 9 juin par le président Emmanuel Macron et le premier tour qui a placé le RN en tête devant l’alliance des gauches du Nouveau front populaire (NFP).

La plupart des projections en sièges réalisées ces derniers jours indiquent que le RN peinera à atteindre la majorité absolue (289 députés). L’hypothèse se renforce d’un scénario à trois blocs (extrême droite, gauche, macronistes), qui pourrait rendre le pays ingouvernable alors qu’il s’apprête à accueillir les Jeux olympiques.

«Alliances du déshonneur»

Jordan Bardella a dénoncé des «alliances du déshonneur» et appelé les électeurs à lui donner les clés du pouvoir «face à la menace existentielle pour la nation française» que représente selon lui la gauche.

La figure de proue de l’extrême droite, Marine Le Pen, envisage même de former un gouvernement avec une majorité relative de 270 députés, complétée avec des soutiens, «par exemple divers droite, divers gauche, quelques LR» (Les Républicains, droite).

En face, la concorde n’est guère de mise entre des forces disparates, farouchement adversaires hier mais condamnées à s’entendre. Si elles y parviennent, les macronistes, une partie de la gauche et certains LR auraient la lourde tâche de bâtir une «grande coalition», courante dans d’autres pays européens mais étrangère aux traditions politiques françaises.

Marine Tondelier a admis qu’il faudrait «sûrement faire des choses que personne n’a jamais faites auparavant» en France. «La question, c’est plutôt +pour quoi faire?+ que +avec qui?+», a-t-elle ajouté. «Il n’y aura pas de Premier ministre macroniste.»

Des responsables à droite et chez les macronistes tenaient un discours semblable, dont le Premier ministre, évoquant une «Assemblée plurielle», ou le LR Xavier Bertrand appelant à un «gouvernement de sursaut national».

Mais le vernis ne semble pas épais derrière de profondes défiances mutuelles. Le Parti socialiste craint de voir des candidats LR qui ont refusé de se désister choisir «de faire alliance» avec le RN. «Les Républicains sont ambigus», a dénoncé Pierre Jouvet, son secrétaire général.

Quant à la gauche radicale de La France insoumise (LFI), le plus puissant des partis de gauche mais aussi le plus clivant, elle a exclu une participation à une telle coalition. «Les Insoumis ne gouverneront que pour appliquer leur programme, rien que le programme mais tout le programme», a affirmé Manuel Bompard, un de leurs représentants.

Macron réduit au silence

Le président Macron, lui, est réduit au silence pour ne pas enfoncer plus encore son propre camp, qui ne lui pardonne pas d’avoir convoqué ces élections. Il n’a plus pris la parole publiquement depuis une déclaration à Bruxelles jeudi et une lettre publiée dimanche.

Son parti, qui jouissait d’une majorité relative dans l’Assemblée sortante, n’est arrivé que troisième avec 20% des voix au premier tour et se prépare à une déroute.

Attendu pour le sommet de l’Otan à Washington la semaine prochaine, le chef de l’État semble déjà affaibli sur la scène internationale, qui scrute le résultat de dimanche entre attention et inquiétude à l’égard d’un des piliers de l’Union européenne et d’une puissance dotée de l’arme nucléaire.

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