LA HONGRIE APRèS LES PYRéNéES: XI JINPING ET VIKTOR ORBAN, éTRANGLEURS DES RêVES EUROPéENS

Emmanuel Macron peut croire qu'il a charmé le président chinois avec son assiette de fromage et viande séchée dans les Pyrénées. La réalité est que l'enjeu principal de sa visite européenne se déroule ces jours-ci à Budapest, estime notre journaliste Richard Werly.

Cette fois, pas de viande séchée et de danse folklorique pyrénéenne au programme sous une fine neige de printemps pour Xi Jinping! C’est un tout autre refrain que le président chinois est venu entonner en Hongrie, le pays de Viktor Orban, où il est arrivé mercredi 8 mai en provenance de Serbie, après avoir démarré sa semaine européenne en France. Au programme, pour reprendre le texte des communiqués officiels chinois et hongrois? «Coopération économique florissante» et «convergence de vues sur l’offensive russe en Ukraine». En clair: Budapest et Pékin sont sur la même longueur d’onde.

Oubliées, les demandes de réciprocité commerciale et la dénonciation du dumping de Pékin sur les voitures électriques formulées par Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen lors de leurs échanges à l’Élysée avec le président Xi. Oubliée, l’affirmation renouvelée par la France et l’Union européenne de leur soutien à l’Ukraine «aussi longtemps qu’il le faudra», pour enrayer l’agression de Vladimir Poutine.

L’heure, en Hongrie, est à la lune de miel chinoise, lestée de promesses de contrats commerciaux et de construction d’infrastructures, comme le futur train à grande vitesse Belgrade-Budapest. Et tant pis pour la solidarité européenne face à Moscou, en ce jour symbolique où la Russie commémore la victoire du 9 mai 1945 et continue de comparer l’armée Ukrainienne à la Wehrmacht hitlérienne de la seconde guerre mondiale.

La leçon de cette visite doit donc être tirée d’urgence alors que la Hongrie prendra à partir du 1er juillet, la présidence tournante de l’Union européenne, ce qui donnera à Viktor Orban l’occasion de parler en son nom. Si Budapest devient ouvertement la capitale de la dissidence communautaire, et le cheval de Troie chinois parmi les 27, rien ne justifie de continuer à partager avec son gouvernement et ses services de sécurité des informations sensibles sur les ingérences de Pékin sur le continent.

C’est au contraire une politique de mise à l’écart organisée qui doit être mise en œuvre. Pas question de pénaliser le peuple hongrois, toujours majoritairement proeuropéen. Mais pas question non plus de laisser son Premier ministre national populiste, résolu à faire le maximum d’affaires fructueuses avec la Russie et la Chine, favoriser l’affaiblissement de la puissance européenne.

Charme et alchimie

Dans les Pyrénées, Emmanuel Macron a une nouvelle fois tenté d’user de son charme et de l’alchimie individuelle, dans ce lieu où il passait jadis des vacances en compagnie de sa grand-mère, pour convaincre Xi Jinping que la Chine et l’Union européenne ont des intérêts communs, et ne gagneront rien à se laisser entraîner dans une guerre commerciale dont personne ne peut mesurer les conséquences.

Or le moins que l’on puisse dire est que son interlocuteur chinois, accompagné de son épouse, n’ont pas donné l’impression d’être convaincus, au-delà des rituelles formules de politesse. A l’inverse, en Hongrie, Xi Jinping a multiplié les gestes amicaux envers Orban, en attendant que les forces eurosceptiques voire europhobes renforcent l’influence de celui-ci si elles progressent nettement aux élections européennes du 9 juin.

Ne nous leurrons pas: ces deux-là cherchent, chacun à leur manière, à étrangler l’Union européenne pour mieux profiter de son marché et de ses subsides. C’est le Xi Jinping de Budapest qui est le vrai visage de la Chine d’aujourd’hui, pas celui du col du Tourmalet.

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