LA HONTE.

90 minutes civilisées. Pire que ça: un vrai débat entre deux candidats à la présidence, hélas indignes de la fonction. Un dangereux clown condamné au pénal, que la fatigue d'un démocrate en bout de course n'est pas parvenue à dégonfler. Joe Biden est à terre et les 333,3 millions d'Américains n'auront pas de chef scout pendant les quatre prochaines années.

Il a toussé un bilan. L'autre a menti. Il a chuchoté quelques dangers à venir. L'autre a aligné les insultes. Oui, this is America en 2024, ladies and gentlemen.

On est réduit à prier, les mains moites, pour que la rumeur soit vraie. Que les fins limiers démocrates soient effectivement en train de former un outsider dans l'ombre, prêt à remplacer le président lorsqu'il raccrochera dignement. Par exemple, le 19 août prochain, au premier jour de leur convention nationale. Car les Etats-Unis n'ont jamais eu autant besoin d'un lapin à extirper d'un chapeau. Bien sûr, ce lapin magique aurait très bien pu être républicain, si le parti n'avait pas enterré son héritage non loin de la tombe du trumpisme.

Mais après nonante minutes d'un premier débat pourtant indispensable entre Donald Trump et Joe Biden, une impression terrible. Une triste évidence que le reste du monde observe comme un gamin devant un film d'horreur, à travers deux mains qui censurent le sang: la plus grande puissance n'a rien à présenter de fiable pour rassurer une nation et une planète qui avancent avec un GPS défectueux. Un duel présidentiel comme la preuve d'un dramatique cul-de-sac politique. Philosophique, même.

On ne protège pas un pays des flammes, en retenant son meilleur pompier en fin de carrière. Surtout quand un pyromane condamné est déjà en train de lui remettre le feu.

Joe Biden écrasé, Donald Trump tout-puissant: on vous résume le débat

A 4h23 cette nuit, Donald Trump a prononcé une phrase qui aurait pu avoir beaucoup de sens, si les deux candidats l'avaient assumé: «N'agissons pas comme des enfants». C'est un fait, les grands-papas sont des gamins. De vieux gamins riches d'une histoire, mais avec un avenir scellé. Or, quand tout ne se passe pas trop mal, les papis ont des héritiers. Pour le meilleur ou pour le pire. Ici, rien. Républicains et démocrates, du haut de leurs irresponsabilités, nous ont imposé deux chevaux qui, respectivement, radotent, hésitent, mentent, butent, délirent, fabulent, dérapent et font peine à voir.

Pour la faire courte: c'est une honte.

Mais le pire est ailleurs: Joe Biden a perdu cette bataille digne des causeries d'une salle de pause de maison de retraite. C'est dramatique à écrire, mais délirer avec énergie, c'est beaucoup plus télégénique que l’apathie. Manifestement très fatigué, incapable de produire autre chose que des chuchotements souvent inintelligibles et des silences gênants, l'actuel président des Etats-Unis avait beau afficher la même tronche que nous, face aux affabulations de Donald Trump, il s'est montré proprement incapable de les combattre.

Biden en grande difficulté verbale:

Certes, on pourrait compter les points, relever les erreurs, souligner les éclairs de lucidité, mais l'exercice s'avère bien inutile. «Il reste encore beaucoup à faire», marmonnera Joe Biden, 81 ans, au moment de promettre péniblement une baisse des prix de l'immobilier. C'est vrai. Tout reste à faire. Mais aucun des deux candidats n'a la légitimité ou l'énergie, c'est selon, de s'atteler une nouvelle fois à cette tâche qui a rarement été aussi délicate et monumentale.

Juste avant la fin des hostilités, Biden et Trump ont mesuré leur zizi qui ne durcit plus. Le climax d'un malaise dense et inextricable, où l'enjeu fut de déterminer lequel des deux aurait meilleure allure sur un green de golf. On croit rêver. En 2024, personne n'a besoin d'assister à une querelle entre des joueurs qui voient trouble. D'autant que l'avenir de ce pays accuse bien plus de trous que les dix-huit d'un parcours traditionnel et que Donald Trump, 78 ans, est physiquement plus à même de porter le sac à clubs.

Ce premier débat ne prouve qu'une seule chose: si rien ne vient bouleverser le cours de cette campagne présidentielle indigne, les 333,3 millions d'Américains n'auront pas de chef scout pendant les quatre prochaines années. Et les démocrates l'ont bien compris, puisqu'ils «envisagent désormais l'impensable: il est temps pour Biden de partir».

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