LE «MADOFF DU MAINE-ET-LOIRE» CONDAMNé à 2 ANS DE PRISON FERME

Reconnu coupable d'escroquerie, Guillain M. avait convaincu des investisseurs de placer près de 16 millions d’euros avec la promesse de forts gains.

Des millions d’euros perdus dans un fonds prétendument ultra-lucratif à Hong Kong: un trader autodidacte surnommé par la presse le «Madoff du Maine-et-Loire» a été condamné jeudi, à Paris, à deux ans de prison ferme pour avoir escroqué des dizaines d’investisseurs.

Près de 16 millions d’euros

Guillain Méjane, 41 ans, a été condamné à cinq ans d’emprisonnement dont trois ans avec un sursis probatoire pour escroquerie, fourniture illégale de services d’investissement et blanchiment de fraude fiscale, le tribunal précisant que la partie ferme de sa peine serait aménagée – il n’ira donc pas en prison.

Avec un ami d’enfance et associé, ils ont convaincu entre 2012 et 2014 des investisseurs de l’Anjou, dans leur entourage puis par bouche-à-oreille, de placer près de 16 millions d’euros dans la société Now For Tomorrow (NFT), immatriculée à Hong Kong. Alors qu’ils vantaient des rendements prodigieux grâce au trading sur le marché international Forex, 10,6 millions d’euros ont été perdus sur les marchés financiers selon l’enquête, qui a chiffré à 1,6 million d’euros le montant utilisé en dépenses personnelles par Guillain Méjane, le reste ayant d’autres destinations.

«Gravité des faits»

Le prévenu a été condamné à dix ans d’interdiction de gérer une société et d’exercer une profession liée à la finance. Sa maison dans le Maine-et-Loire a été confisquée, comme le prix de vente d’une Ferrari acquise avec les fonds de NFT. Présent jeudi, il ne s’est pas exprimé devant la presse. Lors de son procès en janvier, il avait présenté ses excuses et reconnu une partie des faits reprochés, mais contesté toute escroquerie.

Après un «travail de digestion» du jugement, il y aura un «travail de réflexion» concernant un éventuel appel, a déclaré son avocat Me Pierre-Henri Baert. Dans son délibéré, la présidente a souligné la «gravité des faits», liée au «nombre de victimes, au montant du préjudice», mais aussi à un «certain cynisme» du prévenu «qui manifestement a fait le choix délibéré d’exercer cette activité très risquée (...) sans aucun agrément, sans compétence et en se plaçant volontairement en dehors de toute surveillance».

Né privé de jambes et d’un bras

Elle a aussi relevé la «singularité» de cette affaire, du fait de la «personnalité» du prévenu qui, «comme ses avocats l’ont souligné, a sans doute fait de son handicap une force, dont toutes les victimes ont souligné le charisme particulier». Le prévenu est né privé de jambes et d’un bras.

Le tribunal a considéré qu’il avait bien usé de «manœuvres frauduleuses», tant dans la plaquette commerciale de NFT que dans les bulletins hebdomadaires envoyés aux clients, qui ont «mis en confiance» de nouveaux investisseurs. L’ex-associé de Guillain M., Gaëtan O., a lui été relaxé des poursuites pour complicité d’escroquerie, la juridiction considérant qu’il n’était pas au courant des pertes de NFT. Il a néanmoins été condamné à deux ans de prison avec sursis probatoire et 50'000 euros d’amende pour les deux autres mêmes infractions. La tante et la grand-mère de Gaëtan O., ainsi que le père de Guillain Méjane, se sont vu infliger de la prison avec sursis et des amendes pour blanchiment.

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