L'EX-CHEF D'ELVETINO RISQUE PRèS DE QUATRE ANS DE PRISON à ZURICH

Le procès de l'ancien chef d'Elvetino, filiale de restauration des CFF, s'est ouvert mercredi à Zurich. Le Zougois âgé de 68 ans est accusé d'escroquerie, de gestion déloyale et d'abus de confiance. L'accusation requiert trois ans et huit mois de prison contre lui.

Face au président du Tribunal de district de Zurich, le principal accusé s'est contenté de dire en ouverture d'audience qu'il s'était suffisamment exprimé durant l'enquête. Il a refusé d'emblée de répondre aux questions de la Cour.

Ses deux complices présumés, des amis âgés de 78 et 68 ans, en ont fait de même. Le procureur réclame respectivement deux ans et un an et demi de prison contre eux.

Tous trois n'ont fait de déclaration que sur leur propre personne. Ainsi, le trio à la retraite serait aujourd'hui endetté et ne disposerait de guère plus que du minimum vital. Lorsque le président du tribunal a demandé à l'ex-CEO d'Elvetino, comment il parvenait à se payer un deuxième avocat, il a refusé, une nouvelle fois, de répondre.

Magouilles entre amis

Mis à la porte d'Elvetino avec effet immédiat en 2017 après avoir dirigé la société durant six ans, il s'est servi dans la caisse de la filiale pour financer son train de vie et couvrir des investissements personnels, selon l'accusation. Il s'est fait rembourser des prétendues notes de frais pour 4500 francs par mois.

Son principal complice présumé, un ami de longue date âgé de 78 ans, figure aussi sur le banc des accusés. L'ex-chef l'aurait payé 2500 francs par jour en tant que conseiller externe tout en retenant 20% de cet honoraire pour lui-même comme pots-de-vin, soit 107'250 francs au total.

Le principal prévenu aurait aussi trompé Elvetino en lui revendant 100'000 gobelets à des prix excessifs, importés de Chine par la société de l'ami âgé aujourd'hui de 68 ans.

"On se frotte les yeux"

"Dans cette affaire, on se frotte les yeux pour y croire", s'est exclamé le procureur au cours de son réquisitoire. Et de raconter l'histoire d'hommes d'affaires de la vieille école, qui se sont attribué mutuellement des business et des mandats, s'en sont répartis les bénéfices, avant de fêter leur succès autour d'un verre "offert" par Elvetino à travers des notes de frais.

Le tableau dressé par les enquêteurs ne trompe pas, il est limpide, a insisté le procureur. Les trois accusés se sont servis de manière éhontée dans le patrimoine commercial d'Elvetino, a-t-il dénoncé. Le représentant du Ministère public a exigé que les accusés remboursent à l'Etat entre 100'000 et 300'000 francs non déclarés.

La défense exige l'acquittement

La défense a rejeté en bloc toutes les accusations et exigences financières du procureur. Les avocats du principal prévenu ont demandé l'acquittement de leur client. En tant que CEO, celui-ci n'a jamais voulu autre chose que le bien de son entreprise, a déclaré son avocate commise d'office.

Il n'a pas attribué de mandat à l'un des co-accusés parce qu'il était son ami, mais parce qu'il disposait des compétences nécessaires et qu'il avait rencontré cette personne dans le cadre de ses activités professionnelles. Selon des témoignages, cet homme a effectué un travail important en tant que conseiller externe. Sa rémunération n'a rien d'extraordinaire, estime la défense.

Preuves "inutilisables", selon la défense

De plus, l'avocate a qualifié les preuves réunies contre con client d'"inutilisables", car l'acte d'accusation se base sur des enquêtes internes des CFF, selon elle. Dans ce cadre, la compagnie ferroviaire aurait, de manière illégale, saisi, consulté et évalué des messages hautement privés, de la correspondance avec un avocat et des documents médicaux.

Le procès se poursuit jeudi avec la suite de la plaidoirie de la défense. On ignore encore quand le tribunal rendra son jugement.

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