LE «VIOLEUR DE TINDER» PRéSENTE UN VRAI RISQUE DE RéCIDIVE

Salim Berrada, accusé d’avoir violé ou agressé 17 femmes entre 2014 et 2016, a un profil «très inquiétant» après l’expertise psychiatrique.

Pas de «reconnaissance des faits», aucune «remise en question». L’expert psychiatre qui a examiné Salim Berrada, accusé d’avoir violé ou agressé sexuellement 17 femmes, a décrit mercredi devant la cour criminelle de Paris le profil «très inquiétant» du «violeur de Tinder» et un vrai risque de récidive.

C’est l’avocat général Philippe Courroye qui interroge l’expert sur la «dangerosité» de l’accusé, ex-photographe de 38 ans qui nie avoir violé des femmes rencontrées sur internet, en dépit de l’accumulation à la barre de témoignages de plaignantes qui ne se connaissaient pas.

«Si les faits sont avérés», répond l’expert témoignant en visioconférence, «c’est très inquiétant».

L’avocat général rappelle le nombre de plaignantes dans cette affaire datant de 2014-2016, que Salim Berrada est mis en examen dans une autre procédure pour des faits similaires, qui se seraient déroulés alors qu’il venait d’être remis en liberté dans ce dossier.

Risque de récidive

«On peut dire que ça constitue un risque de récidive très important?», avance l’avocat général.

L’expert confirme. Et se dit peu optimiste, «si les faits étaient avérés», sur une possible évolution de Salim Berrada, même avec une injonction de soins.» Les gens qui ne reconnaissent pas les faits n’avancent pas», résume-t-il.

L’accusé longiligne, lunettes rectangulaires sur son visage fin entouré d’une épaisse chevelure frisée, a eu la parole pour un dernier interrogatoire récapitulatif mercredi après-midi.

«Vous avez été entendu à 17 reprises», après chaque audition de plaignante, lui dit le président Thierry Fusina. «Est-ce que vous avez appris quelque chose à cette audience?»

Logorrhées

«J’ai suivi attentivement chaque témoignage, pour comprendre. Moi aussi je veux réellement comprendre», répond l’accusé.

Comprendre quoi? «Leur attitude ou votre personnalité?»

Salim Berrada s’embarque alors dans une de ces «logorrhées verbales» que lui reproche le président.

Il évoque la «vie brillante» qu’il aurait dû avoir, sa prise de conscience du «mal terrible» qu’il a fait mais redit sa certitude que certaines des plaignantes se sont persuadées qu’il était «un violeur» après les appels à témoins publiés sur les réseaux sociaux.

Plaignantes droguées

D’autres encore «mentent» effrontément, et puis certaines... «J’ai pu penser qu’elles étaient consentantes parce qu’elles ont dit «oui» pour faire bonne figure», avance-t-il dans une rare et prudente concession.

Les plaignantes, dont plusieurs ont la certitude d’avoir été droguées, ont toutes assuré qu’il n’y avait aucun doute possible sur leur absence de consentement.

«La réalité est la suivante: j’étais un homme parfaitement égoïste qui ne pensait qu’à lui-même», qui n’avait «pas vraiment vécu d’adolescence» et qui a vu «le moment de vivre absolument» ce qu’il voulait.

Salim Berrada «était un garçon plutôt timide» qui a eu ses premières relations sexuelles à l’âge de 20 ans, décrit pour sa part l’experte psychologue.

Rapport à sa mère

Avant cela, face une «mère indépendante qui s’occupait peu de ses enfants», il avait dû «être irréprochable», «sans faille pour plaire à sa mère... mais il n’y a pas eu de retour».

«Pas besoin d’un doctorat en psychologie pour faire un lien entre ce manque du côté de sa mère et son rapport aux femmes», conclut-elle. Il faut «séduire la femme pour pouvoir la rejeter», comme une «vengeance» de sa mère, décrypte encore l’experte.

Au premier jour de l’audience, le président avait interrogé Salim Berrada sur sa mère.

- «Elle est en vie?»

- «Je pense. Je n’ai plus de nouvelles depuis un petit moment».

«Addiction» à la séduction

Comme l’expert psychiatre, l’experte psychologue a vu une «addiction» à la séduction.

De «grand romantique qui voulait vivre comme dans les livres», il est passé à l’homme froid qui notait ses phrases d’accroche pour les sites de rencontre dans des tableaux Excel et les envoyait «par vingtaine», a témoigné cette amie.

Salim Berrada a évoqué «800-900» relations sexuelles. «On ne serait pas plutôt dans une logique de prédation?», demande l’avocat général.

«Si les faits étaient avérés, effectivement», dit l’experte. «Il est inarrêtable, plus il possède, plus il a besoin de posséder».

Les réquisitions sont attendues jeudi après-midi, le verdict vendredi soir.

Inscrivez-vous à la newsletter et recevez chaque jour, un condensé des grands titres qui font l'actualité.

2024-03-28T10:06:15Z dg43tfdfdgfd