«LOI SUR L'éLECTRICITé»: TOUT COMPRENDRE EN UN CLIN D'œIL

Le peuple doit se prononcer sur la révision de la loi sur l'énergie qui veut favoriser les énergies renouvelables et assouplir le droit de recours. Au détriment de la nature, estiment les opposants. Les explications.

Favoriser la production d'électricité «propre», quitte à défigurer peut-être la nature? C'est le choix que devront faire les Suisses le 9 juin en se prononçant sur la loi sur l'électricité combattue par référendum. Voici les enjeux de cette votation.

1. Que demande la loi sur l'électricité?

La «loi relative à un approvisionnement en électricité sûr reposant sur des énergies renouvelables» sert à mettre en œuvre la Stratégie énergétique 2050 de la Confédération qui vise la neutralité climatique d'ici à cette date. Le Conseil fédéral veut donc produire davantage d'électricité à partir de l’eau, du soleil, du vent ou de la biomasse. But: faire face à de potentielles pénuries en hiver et réduire la dépendance de la Suisse face à l'étranger. Il faut aussi répondre aux besoins futurs en électricité, notamment en raison de la croissance des voitures électriques ou des pompes à chaleur. Pour y parvenir, Berne veut faciliter la construction de grandes centrales et limiter les recours possibles pour les installations dites «d'importance nationale». Celles-ci pourront alors primer les autres intérêts nationaux comme la protection de la nature et du paysage.

2. Qui a lancé le référendum et pourquoi?

C'est la Fondation Franz Weber qui a lancé les hostilités. Elle estime que «la loi est bâclée et faite dans la peur panique d'un black-out», selon sa présidente Vera Weber. Via le Comité Nature, les référendaires dénoncent ce texte qui facilitera «le défrichement des forêts, permettra le saccage des paysages et l'anéantissement des biotopes protégés». Il est «borné et irresponsable de sacrifier les plus beaux paysages et les précieux biotopes à la lutte contre le changement climatique», critiquent-ils. En outre, le texte est inutile, selon eux. Ils estiment en effet que si on posait davantage de panneaux solaires sur les toits et les bâtiments du pays, on arriverait à produire suffisamment de courant, sans devoir défigurer la nature. Par ailleurs, la loi est une menace pour la démocratie. «Personne ne pourra plus s'opposer à un projet tel que défini dans la loi, pas même par des recours d'associations ou le Tribunal fédéral», déplorent-ils.

3. Qui est pour?

Du côté de la politique, une large alliance en faveur de la loi rassemble des parlementaires, de gauche comme de droite. «Le renforcement de la production d’électricité assurera des prix plus stables. La production hivernale permettra aussi de faire baisser le risque de mesures d’urgence coûteuses», estiment-ils. En outre, plus de 80% des projets prévus seront installés sur des infrastructures existantes, notamment des toits et des façades. La loi ne dégradera du coup pas la nature, assurent-ils. Et elle obligera les cantons à prendre en compte les intérêts de protection de la nature et du paysage. À noter que de nombreuses organisations économiques ou environnementales, dont le WWF ou Pro Natura, sont également favorables au texte, estimant «qu'il est temps d'avancer».

4. Qui est contre?

Seule l'UDC dit non. Mais le parti est largement divisé. Si des élus sont favorables au texte, de nombreux autres s'y opposent. À l'image de la conseillère nationale Magdalena Martullo Blocher qui craint surtout la construction de grands parcs solaires dans les Alpes. «La loi amène peu de courant pour beaucoup d'argent. Et elle signifie une défiguration massive du paysage», a-t-elle lancé lors de la dernière assemblée des délégués. Ceux-ci se sont prononcés contre la loi à 62%.

5. Que disent les sondages?

Selon le premier sondage 20 minutes/Tamedia paru le 24 avril, 65% des personnes interrogées soutiennent le texte, contre 28% d'avis négatifs. Toutes les régions linguistiques sont favorables à plus de 64%.

2024-05-09T05:17:13Z dg43tfdfdgfd