MAIS DES QUERELLES INTERNES LA FRAGILISENT: POUTINE MENACE L'OCCIDENT D'UNE NOUVELLE ALLIANCE AVEC LA CHINE

Unir ses forces contre le vilain Occident: c'est l'objectif de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) qui s'agrandit toujours plus.. Cette alliance, menée par la Chine et la Russie, représente-t-elle vraiment un danger pour l'Europe? Pas si sûr.

L'objectif de Xi Jinping et de Vladimir Poutine est simple: bouleverser le monde. Tout doit changer. Et la domination de l'Occident doit cesser. Pour atteindre cet objectif, les présidents chinois et russe cherchent des partenaires pour construire des alliances et renforcer leur pouvoir. 

L'une d'entre elles est constituée par les pays du Brics, dont font également partie l'Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud et depuis peu quatre autres pays. L'autre alliance est l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), moins connue, qui accueille désormais le premier Etat européen à sa table. L'Occident a-t-il des raisons de s'inquiéter?

Réunion annuelle au Kazakhstan

Cette semaine, les membres de l'OCS se réunissent pour leur sommet annuel à Astana, la capitale du Kazakhstan. L'un des points à l'ordre du jour est l'adhésion de la Biélorussie, alliée de la Russie. L'organisation fondée en 2001 rassemble désormais – outre ses membres fondateurs – l'Inde, le Pakistan, l'Iran... et justement, la Biélorussie. Les pays bénéficiant du statut d'observateur sont l'Afghanistan et la Mongolie. D'autres pays comme la Turquie, l'Azerbaïdjan, l'Arménie et le Sri Lanka sont considérés comme des «partenaires de dialogue».

La mission officielle de l'OCS est de développer la sécurité et le commerce entre les partenaires. Mais il s'agit également de «promouvoir un nouvel ordre international politique et économique démocratique, juste et rationnel».

Malaise entre les membres à l'interne

Mais cette alliance n'est pas si puissante qu'elle n'y parait. D'une part, ses membres sont en conflit les uns avec les autres, notamment l'Inde et la Chine, ou l'Inde et le Pakistan. D'autre part, certains États ne voient pas d'un bon œil l'éloignement de l'Occident préconisé par les dirigeants russes et chinois. Cette année, le Premier ministre indien Narendra Modi s'est excusé du sommet. L'année dernière, il n'avait participé que virtuellement à la rencontre. Le politicien rencontrera toutefois directement Poutine la semaine prochaine.

Les pays d'Asie centrale comme le Kazakhstan, qui refuse de soutenir la guerre de la Russie contre l'Ukraine, partagent le même sentiment de malaise. Bien que la Chine et Moscou s'efforcent de positionner l'OCS comme un contrepoids aux institutions occidentales, elle reste un bloc bien moins uni et bien plus faible que l'OTAN, l'UE ou le G7 par exemple.

L'UE doit saisir sa chance

En somme, l'OCS ne vise pas tant une coopération directe que l'établissement d'un discours de souveraineté anti-occidental, selon l'expert de la Russie Ulrich Schmid: «Comme les Brics, l'OCS est une organisation très hétérogène qui n'a guère de valeurs positives communes, mais qui représente une alliance de circonstance d'Etats autoritaires avec des intérêts personnels marqués.»

Pour Eva Seiwert, analyste au Mercator Institute for China Studies à Berlin, la faiblesse de l'OCS est l'occasion pour l'UE de renforcer son engagement en Asie centrale. Jusqu'à présent, l'Union est responsable de 42% des investissements directs étrangers dans la région. «L'Europe peut s'appuyer sur sa position pour proposer des partenariats plus attrayants, axés sur une coopération concrète», analyse encore la spécialiste.

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