MESSAGES AGUICHEURS ET PHOTOS INTIMES SECOUENT WESTMINSTER

Un député victime d’un guet-apens est à l’origine d’une fuite de numéros de téléphone de ses collègues. Le motif du crime n’est pas encore connu.

Le guet-apens, c’est le piège le plus vieux du monde. Une femme ou un homme charmant, une proie naïve, puis craintive ou faible, voilà comment des dizaines d’espions agissent depuis des siècles pour faire pression sur des personnes influentes ou pour obtenir des informations secrètes. Pas besoin de vivre en Chine ou en Russie pour se voir soutirer des données confidentielles.

Depuis la semaine dernière, Westminster est secoué par son propre scandale, révélé par «Politico». L’antre de la politique britannique a été victime d’espions ou d’arnaqueurs (professionnels de la fraude) qui ont obtenu les numéros de téléphone d’au moins dix-sept personnes, quasi tous des hommes, des députés, des assistants parlementaires et des journalistes.

Enquête en cours

La police a été mise au courant dès le 19 mars après le dépôt d’une plainte par le député conservateur Luke Evans. «J’ai reçu une première série de photos d’une femme nue alors que j’étais avec mon épouse», a-t-il expliqué. Il a porté plainte le lendemain auprès des autorités et de son parti.

Le journaliste du «Times» Harry Yorke, lui aussi visé, a longuement développé l’approche du ou des arnaqueurs. Charlie ou Abi, les deux noms d’emprunt utilisés, prétend dans son premier message connaître sa victime personnellement. Le journaliste ne se souvient évidemment pas d’elle, mais il se dit que si «elle avait mon numéro, nous avions donc dû nous parler auparavant».

Ils ont quelques échanges, puis elle lui explique qu’ils se sont connus quelques années plus tôt dans l’un des bars du parlement, où ils avaient flirté. Elle lui envoie ensuite un lien vers une photo d’elle. Lien qu’il n’a pas ouvert.

«Il m’a manipulé»

D’autres hommes visés n’ont pas été aussi suspicieux. Parmi eux, William Wragg. Député conservateur de 36 ans, il a avoué au «Times» être à l’origine de l’arrivée de cette arnaque au sein du parlement. «J’ai discuté avec un homme sur une application de rencontre et nous avons échangé des photos. Nous devions nous retrouver pour boire un verre, mais nous ne l’avons pas fait. Puis il a commencé à me demander des numéros de téléphone. J’étais inquiet parce qu’il avait des choses compromettantes sur moi. Je lui ai dit d’arrêter. Il ne me laissait pas tranquille. J’ai eu peur. Je lui ai donné quelques numéros, pas tous. Il m’a manipulé. Je suis mortifié. Je suis vraiment désolé d’avoir fait du mal à d’autres personnes en étant faible.»

William Wragg n’est pas le seul à avoir envoyé une photo intime de lui. D’autres députés auraient fait de même, selon «The Times». Des travaillistes ayant aussi été ciblés, il se peut que certains d’entre eux aient également donné des numéros de téléphone.

Ses excuses ont été acceptées par son parti, mais quelques victimes ont grincé des dents. «Contrairement à certains députés, je ne suis pas satisfaite de Wragg», s’est emportée la députée Andrea Jenkyns, elle aussi visée par cette arnaque sur WhatsApp, qu’elle a immédiatement dénoncée à la police. «Son comportement est impardonnable, il a compromis la sécurité de ses collègues parlementaires. Je ne crois pas qu’il soit courageux! C’est un imbécile!»

Même si la motivation des arnaqueurs n’est pas encore connue, cette affaire intervient alors que le gouvernement a récemment fait part de son inquiétude face au risque d’espionnage de plusieurs pays étrangers. En septembre dernier, un employé parlementaire a été arrêté après avoir été accusé d’espionner pour le compte de la Chine. Il avait notamment accès au ministre adjoint à la Sécurité, Tom Tugendhat.

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