MIGRATION: LE HCR DéNONCE LA MANIPULATION POLITIQUE

Le patron de l'agence de l'ONU espère que «la rhétorique antimigration et antiréfugiés» va s'atténuer, maintenant que le scrutin européen a eu lieu.

«Ok, vous avez fait valoir votre point de vue. Certains d’entre vous ont peut-être même obtenu des voix grâce à cela. Maintenant, mettons-nous au travail, c’est ce qui est le plus important.» Lundi, le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a appelé les politiciens de tous bords et les États à travailler ensemble pour trouver des solutions à la question migratoire.

Filippo Grandi a déploré  la «politisation» de ce sujet pendant les élections, tant en Europe qu'aux États-Unis, accusant certains orateurs d’avoir «manipulé» le sujet.

Parler d'invasion «ne résout rien»

«Nous sommes tous d’accord pour dire qu’il s’agit d’un défi.  Mais affirmer qu’il s’agit d’une invasion, de personnes mal intentionnées qui viennent pour voler vos emplois, menacer vos valeurs, votre sécurité, et qu’elles doivent donc partir ou qu'il faut construire des barrières, ne résout pas le problème», a déclaré l’Italien.

Selon lui, ces mesures ne feraient au contraire qu’aggraver la situation car elles favoriseraient l’immigration clandestine, plus «difficile à gérer».

Filippo Grandi a ainsi appelé les États à travailler ensemble pour trouver des solutions. «C’est la bonne voie à suivre», a-t-il dit, même si cela semble «moins sexy» sur le plan politique et «très difficile à expliquer aux électeurs».

«Nous travaillerons avec tout le monde»

Le chef du HCR a néanmoins reconnu qu'il était «inquiet», après la poussée de l’extrême droite aux élections européennes dimanche. Il a dit qu'il espérait que «la rhétorique antimigration et anti-éfugiés que nous avons entendue pendant la campagne s’atténuerait», maintenant que le scrutin européen avait eu lieu.

Et, a-t-il assuré, «nous allons travailler avec tous ceux qui feront partie des institutions européennes». «Nous travaillerons avec tout le monde, comme d’habitude», a-t-il insisté.

L’UE est un acteur important dans les domaines de l’aide au développement et de l’humanitaire, mais elle doit aller au-delà, «être un acteur politique» et «devenir beaucoup plus stratégique afin de s’attaquer aux causes de ces mouvements» de population et «aider tous les pays de transit», a souligné Filippo Grandi.

Bien moins de réfugiés en Europe qu'au Tchad

Début mai, l’envoyé spécial du HCR pour la situation en Méditerranée centrale et occidentale, Vincent Cochetel, avait assuré que si on allait vers «un effondrement des valeurs de protection pour les réfugiés en Europe, on verrait une même tendance ailleurs». Or les flux migratoires et de réfugiés entre les pays en développement sont plus importants que vers les pays riches, selon l’ONU.

«Le nombre de personnes qui ont traversé la Méditerranée au cours des premiers mois de l’année est de l’ordre de 60'000 à 70'000. Le Tchad a accueilli 600'000 Soudanais en un an, soit dix fois plus», a rajouté Filippo Grandi.

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