PROF GAY VIRé à ZURICH: L'INSUPPORTABLE MéCANIQUE SAMUEL PATY

L'intégrisme religieux qui a été fatal à Samuel Paty, celui qui a poussé un proviseur parisien à la démission, comme celui qui vient de coûter sa place à un instituteur zurichois, participent de cette violence qui se drape dans l'offense. Soyons-en conscients.

Des rumeurs d’enfants, des parents qui en rajoutent, une direction d’école qui flanche. Résultat: un professeur d’école primaire poussé à la démission. En Suisse, dans le canton de Zurich. Ici, pas d’accusation de blasphème, mais de corruption de mineurs, aggravée de la circonstance d’homosexualité. Le présent engrenage rappelle celui qui a coûté la vie en octobre 2020 en France à Samuel Paty, ce professeur décapité par un jeune djihadiste tchétchène. Il évoque plus près nous la démission, pour raisons de sécurité, d’un proviseur de lycée parisien, après qu’il eut, conformément à loi, demandé à une élève d’ôter son voile.

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Au centre de ces trois faits de société: l’intégrisme religieux. Celui qui entend faire appliquer les lois de Dieu et qui joue des droits de l’homme et du citoyen avec le cynisme des brutes. Dans un monde occidental où se dire offensé vaut aussitôt statut de victime, les intégristes auraient tort de se priver.

La mécanique Samuel Paty

Une même mécanique unit ces trois cas, tous liés à l’école publique. Ce qui n’est pas un hasard, l’école publique étant le lieu où l’Etat, le concurrent de Dieu dans la tête des intégristes, émancipe les jeunes individus de la cellule familiale pour en faire des citoyens.

Cette sinistre mécanique s'enclenche à la suite de fausses rumeurs ou d’accusations infondées, venant généralement d’élèves: «le prof a demandé aux musulmans de sortir de la classe» (la collégienne à l’origine de l’engrenage fatal à Samuel Paty, l’enseignant qui avait montré des caricatures de Charlie Hebdo dans un cours sur la liberté d’expression); «le proviseur m’a brutalisée» (la lycéenne qui, fin février à Paris, avait refusé de retirer son voile); «l’instituteur nous a demandé de nous masturber à la maison» (des élèves de l’école primaire de Pfäffikon, dans le canton de Zurich). Pas une de ces affirmations n’était ou n'est vraie.

Aucune de ces allégations mensongères n’aurait prêté à conséquence si l’entourage familial ou les réseaux sociaux à l’unisson d’une idéologie intégriste ne s’en étaient faits le relais

Arrêtons-nous sur le cas zurichois. Des familles présentées comme «conservatrices» ont obtenu la démission d’un enseignant âgé de 40 ans, dont l’homosexualité n’était pas un secret. Il était chargé du cours d’éducation sexuelle à ses élèves – l’éducation sexuelle à l’école primaire est une obligation dans le canton de Zurich. Notons qu’à chacun de ses cours consacrés à cette matière, l’enseignant en question était accompagné en classe d’un collègue, précisément pour éviter tout quiproquo.

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L’homosexualité, facteur aggravant

Les cours d’éducation sexuelle n’ont pas plu à une partie des parents, en l’occurrence des familles protestantes issues d’un courant indépendant de l’Eglise réformée, qui se sont alliées à des familles musulmanes. L’homosexualité de l’instituteur aura fait office de facteur aggravant à leurs yeux. Prise à la gorge, la direction de l’école a préféré lâcher son enseignant plutôt que de tenir tête plus longtemps à des parents armés de leur bigoterie. Face à l’intégrisme, connaissant la violence qui le traverse, les autorités peuvent vouloir jouer l’«apaisement», ce qui est une forme de renoncement.

Il s’agit moins de blâmer l’institution scolaire placée en première ligne que le pouvoir que s’arrogent les intégristes et le recul des politiques face leurs offensives. Dieu est un sauveur pour ceux qui croient, un précieux compagnon dans les moments pénibles de la vie. Il n’est pas un législateur. N'est-il pas dit dans l'Evangile: «Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu»?

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