UNE MILITANTE DES DROITS DES FEMMES CONDAMNéE à 11 ANS DE PRISON

Une militante des droits des femmes a été condamnée dans le secret à 11 ans de prison pour des accusations liées au «terrorisme», ont dénoncé mardi deux ONG de défense des droits humains.

Selon Amnesty International et ALQST, basés à Londres, Manahel al-Otaibi, 29 ans, a été condamnée le 9 janvier dernier à 11 ans de prison, lors d’une «audience secrète».

Le verdict a été révélé des semaines plus tard, «dans la réponse officielle du gouvernement saoudien à une demande d’informations formulée par des rapporteurs spéciaux des Nations unies sur son cas», ont indiqué les deux ONG dans un communiqué conjoint.

«Les charges retenues contre elle concernaient uniquement son choix vestimentaire et l’expression de ses opinions en ligne, notamment le fait d’avoir appelé sur les réseaux sociaux à mettre fin au système de tutelle masculine en Arabie saoudite», selon le texte.

«Disparition forcée»

Elle était poursuivie aussi pour avoir publié des vidéos d’elle portant des «vêtements indécents» et s’être rendue «dans des magasins sans l’abaya» –longue robe traditionnelle couvrant le corps.

La réponse saoudienne à l’ONU, datée du 24 janvier et consultée mardi par l’AFP affirme que Manahel al-Otaibi «a été condamnée pour des infractions terroristes sans aucun rapport avec l’exercice de sa liberté d’opinion et d’expression ou avec ses publications sur les réseaux sociaux».

Amnesty avait dénoncé en février la «disparition forcée» de Manahel al-Otaibi qui avait selon l’ONG perdu contact avec sa famille entre novembre de l’année dernière et la mi-avril.

«Je suis très choquée»

Sa sœur aînée, Foz al-Otaibi, suivie par 2,5 millions de personnes sur le réseau social Snapchat, «fait face à des accusations similaires, mais a fui l’Arabie saoudite de peur d’être arrêtée après avoir été convoquée pour un interrogatoire en 2022», a-t-on ajouté.

Elle a indiqué mardi à l’AFP que sa famille n’avait appris la condamnation de Manahel à 11 ans de prison que par le biais de la réponse saoudienne à l’ONU. «Je suis très choquée», a-t-elle déclaré.

«Les autorités saoudiennes doivent libérer immédiatement et sans condition Manahel al-Otaibi et toutes les personnes actuellement détenues dans le royaume pour avoir exercé pacifiquement leurs droits humains», a déclaré Lina al-Hathloul, responsable à ALQST. 

L’Arabie saoudite a longtemps été associée à la répression des femmes. Si plusieurs restrictions, comme l’interdiction de conduire et l’obligation de porter une abaya, ont été levées, les défenseurs des droits de l’homme affirment qu’une loi sur le statut personnel entrée en vigueur en 2022 demeure discriminatoire à l’égard des femmes.

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