VENISE LANCE SON BILLET D'ENTRéE à 5 EUROS, DES HABITANTS RâLENT

La Cité des Doges a lancé jeudi matin, un dispositif destiné à endiguer le surtourisme. Cette mesure ne convainc pas de nombreux Vénitiens, qui refusent de voir leur ville devenir un «musée».

Venise a lancé jeudi matin, son billet d’entrée à 5 euros pour les touristes à la journée. Pour cette première mondiale, la ville classée au patrimoine de l’Unesco a vendu en ligne quelque 10'000 entrées payantes, a indiqué à l’adjoint au Tourisme, Simone Venturini. Ces sésames, qui se présentent sous forme de QR Codes téléchargeables en ligne, doivent être présentés à des contrôleurs postés notamment sur le parvis de la gare, où la situation, jeudi matin, restait fluide dans une ambiance sympathique.

En contraignant les touristes à la journée à payer 5 euros, Venise espère dissuader certains d’entre eux de venir les jours de grande affluence, même si aucun plafond n’a été fixé au nombre de billets disponibles pour chaque journée. La Cité des Doges devient ainsi la première ville touristique au monde à imposer un droit d’entrée, alors que des mouvements hostiles au surtourisme se multiplient. Pour Simone Venturini, il s’agit «surtout de décourager le tourisme de proximité des habitants de la région Vénétie, qui peuvent visiter Venise quand ils veulent».

Portée très limitée

Le maire Luigi Brugnaro a lui-même reconnu début avril qu’«il s’agit d’une expérimentation», qui sera sans aucun doute suivie de près par d’autres grandes villes touristiques à travers le monde. Sa commune a déjà banni de son centre historique les navires de croisière géants, dont les nuées de passagers devront aussi montrer patte blanche.

A ce stade, l’expérience reste toutefois de portée très limitée: pour 2024, seuls 29 jours de grande affluence sont concernés par cette nouvelle taxe, qui démarre donc jeudi, jour férié en Italie, et est appliquée presque tous les week-ends, de mai à juillet.

Nombreuses exemptions

Cette taxe cible en outre uniquement les touristes journaliers entrant dans la vieille ville entre 8h et 16h. Ils devront télécharger leur QR code sur le site dédié, disponible en anglais, espagnol, français et allemand, outre l’italien. Une amende de 50 à 300 euros est prévue pour sanctionner les touristes qui chercheraient à passer entre les mailles du filet, même si les autorités locales ont affirmé vouloir privilégier la persuasion à la répression.

Les touristes dormant au moins une nuit sur place ne sont pas concernés et recevront gratuitement un QR code de leur lieu d’hébergement. En outre, de nombreuses exemptions sont prévues, notamment pour les moins de 14 ans et les étudiants.

Cette nouvelle mesure ne fait pas l’unanimité chez les Vénitiens, certains y voyant une atteinte à la liberté de circulation et un pas de plus vers la muséification de leur ville. «Nous ne sommes pas un musée ou une réserve naturelle, mais une ville, on ne devrait pas payer» pour y accéder, s’insurge ainsi Marina Dodino, qui fait partie d’une association locale de résidents, ARCI Venezia. Une manifestation était prévue en fin de matinée.

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