YANNICK MAURY, DéPUTé VERT ET PROF VAUDOIS: «EN 1P ET 2P, MéLANGER LES âGES AMèNE UNE VRAIE PLUS-VALUE PéDAGOGIQUE»

À la rentrée prochaine, les élèves en première et deuxième année d'école à Genève seront réunis dans les mêmes classes. Des parents s'inquiètent d'une mesure appliquée depuis longtemps côté Vaud. Interview de Yannick Maury, député vert et enseignant vaudois.

À la rentrée prochaine, Genève réunira les 1P et les 2P dans les mêmes classes. Les deux premières années d’école — ou enfantine — accueilleront ensemble des élèves de 4 à 6 ans, relate «Le Temps» ce mardi 2 juillet. C’est la décision prise par le Département de l’Instruction publique (DIP) d'Anne Hiltpold et transmises aux parents par courrier lors de la dernière semaine de l’année scolaire.

Mais voilà. Certains parents cités dans le quotidien romand s’inquiètent que leurs tout-petits doivent changer de classe et recréer des liens sociaux. Pourtant, cette mesure dite du «double degré» est très commune dans les autres cantons. Le voisin vaudois l’applique depuis de nombreuses années.

C’est pourquoi Blick s'est tourné vers un élu vaudois, prof de métier, pour adoucir les inquiétudes du bout du Léman. Le Vert Yannick Maury est député au Grand conseil vaudois et membre du Conseil de la Haute école pédagogique (HEP Vaud). Enseignant à des élèves du secondaire, il s’engage régulièrement sur les questions d’éducation. Interview.

Yannick Maury, des parents d'élèves genevois sont mécontents de cette décision de l’éducation genevoise? En tant que député et enseignant vaudois, comment la comprenez-vous?

Tout changement dans le système scolaire génère des réactions. Je suis un petit peu surpris que ces craintes portent sur un principe qui fonctionne depuis des décennies dans le canton de Vaud. Ce double degré est valorisé pédagogiquement par les enseignants, par les instituts de formation et par les parents. Et même par les élèves! Moi-même, quand j’étais à l’école enfantine, je trouvais chouette d’être en classe avec des plus grands qui faisaient office de modèles. On avait l’impression d’être plus important.

Donc pour vous, ce n’est même plus une expérimentation et il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour les parents?

Ici sur Vaud, ce n’est pas du tout remis en question. Vous trouverez toujours des mécontents, mais ça reste marginal. En général, Genève est le canton qui obtient les moins bons résultats quand il s’agit de comparer les performances des élèves. Donc tout changement un tant soit peu réfléchi ne pourra qu’amener une plus-value pédagogique. Certes, ce n’est pas cette décision qui va bouleverser le système genevois, mais ça ne peut pas lui faire de mal.

Certains parents cités dans «Le Temps» regrettent le manque de communication du Département de l’Instruction publique (DIP) autour de cette décision, qui pousse leurs enfants à se faire de nouveaux copains…Si j’ai bien lu l’article, les parents l’ont appris quelques jours avant les vacances scolaires. Évidemment que sur le plan de la communication, le DIP aurait pu faire mieux. Cette mesure était évoquée depuis longtemps. Et sur les liens à recréer, effectivement ce n’est jamais agréable de changer de classe. Pour de multiples raisons, réorganiser les contingents fait partie du quotidien scolaire à tous les niveaux. On finit toujours par s’y habituer.

Qu’est-ce que les parents ont à y gagner?C’est purement organisationnel, mais regrouper des 1P et des 2P dans une même classe permet d’assurer une certaine proximité entre le lieu de formation et le domicile. On évite qu’il n’y ait pas assez de 1P pour ouvrir une classe dans l’établissement le plus proche. Cette problématique est un peu plus réelle dans le canton de Vaud, plus étendu que celui de Genève.

Et du point de vue des enseignants, ce n’est pas une charge supplémentaire de mener deux rythmes différents au sein d’une même classe?

Ça peut l’être, clairement. Mais surtout quand il y a des tests à préparer. En 1P et 2P, il n’y a pas encore d’évaluations. C’est le moment parfait pour créer des classes hétérogènes. Ce serait beaucoup plus difficile au secondaire.

Donc l’idée que les cantons romands harmonisent leurs fonctionnements est une bonne chose?J’y vois clairement un intérêt. Si un enseignant ou des parents déménagent en cours d’année d’un canton à l’autre, ils retrouvent le même système. Si on arrive à lisser les différences entre les systèmes, c’est tout bénef pour les parents et les enfants.

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