LA PAUSE SIMONE - UNE FEMME éGOïSTE, EST-CE QUE C’EST PIRE QU’UN HOMME éGOïSTE ?

Cette semaine, la journaliste Clara Leger se demande si l'égoïsme est perçu différemment chez les femmes et les hommes.

Je suis Clara Leger, auteure, programmatrice et journaliste. Je dis journaliste parce qu’après 7 ans de bons et loyaux services auprès des médias, j’ai enfin obtenu ma première carte de presse. J’étais obligée d’en profiter pour partager la nouvelle avec vous. C’est l’instant auto satisfaction, et vous verrez qu’il est en lien avec mon sujet de la semaine. Pour cette nouvelle session estivale, je reprends les rênes de La Pause Simone. Enchantée de vous retrouver !

Cette semaine, j’ai fait un constat. Je suis quelqu’un d'égoïste. Selon mes propres critères, puisque bien sûr d’un avis à un autre, les points de vue divergent. Alors je me suis posée cette question : une femme égoïste, est-ce que c’est pire qu’un homme égoïste ? Mon égoïsme fait-il de moi une mauvaise personne, ou tout du moins, une mauvaise femme ? Je ne crois pas.

Selon ma mère, pour qui je suis vraisemblablement quelqu’un de bien, je ne suis pas égoïste, je me protège. Je lui ai demandé cash : “Maman, est-ce que tu me trouves égoïste ?” Réponse : “Non tu n’es pas égoïste car quand on a vraiment besoin de toi, tu sais être là. Tu vis ta vie comme tu l’entends en te foutant un peu de ce que pensent les autres, c’est de l’auto protection, ce n’est pas de l’égoïsme.” Merci maman, heureusement que tu es là !

Néanmoins, la trentaine approchant, et auto analysant mon comportement comme si je me faisais suivre ma propre thérapie, je m’aperçois que je deviens de plus en plus égoïste. Est-ce que je l’assume ? Oui, et de plus en plus ouvertement. Désormais, je dis non. Non, je ne veux pas aller à cette soirée. Non, ça me saoule de voir telle personne. Non, je n’accomplirai pas cette tâche professionnelle. Non, je suis fatiguée. Non, je n’ai tout simplement pas envie. En fait, c’est assez simple : moi d’abord, les autres ensuite.

Vous trouvez ça choquant ? Pourtant ça ne l’est pas. Pourquoi les femmes devraient-elles se priver d’aller à un cours de sport parce qu’il faut s’occuper de faire manger les enfants ? Pourquoi devraient-elles reporter un weekend pour s’occuper d’un parent malade ? Pourquoi les femmes et pas leurs maris, conjoints, compagnons, fils, frères, pères ?

En creusant un peu sur le sujet, je suis tombée sur cet ouvrage “#MeFirst! Manifeste pour un égoïsme au féminin” (Les Editions de l’Observatoire) de l’économiste et psychanalyste Corinne Maier. Ouvrage que je me suis empressée de dévorer pour tenter d’y trouver certaines clés.

Première info : être égoïste, ça s’apprend. Et pour ça, il y a plusieurs choses à mettre en place. Déjà, faire évoluer les mentalités. C’est long, lent mais ça arrive. Doucement mais sûrement, comme on dit. Ensuite, on assume.

Corinne Maier explique : “Assumer son égoïsme, c'est d'abord comprendre que de multiples et subtiles pressions sociales poussent les femmes à des attitudes et à des rôles sociaux qui leur nuisent. Ce sont ces cristallisations sociales qu'il faut avoir le courage de secouer.” CQFD. Je continue ma psychanalyse personnelle avec l’impression que tout ça, je le sais depuis déjà plusieurs années, je lutte contre ces stéréotypes au quotidien, et pourtant, j’ai l’impression de me prendre un coup de cloche dans la tête et de me retrouver face à une réalité déconcertante, un peu bipolaire.

Parce que malheureusement, on distingue encore trop souvent l'égoïsme féminin de l'égoïsme masculin. Selon Corinne Maier, “L'égoïsme féminin est plus mal accepté que l'égoïsme masculin. Quand on dit d'un garçon ou d'un homme qu'il est égoïste, cela signifie que c'est dans l'ordre des choses. En revanche quand on dit d'une femme qu'elle est égoïste, cela cache un reproche. Quand les femmes décident de vivre pour elles-mêmes, on les soupçonne de trahir leur nature supposée maternante et protectrice. Voici ce qu'écrivait Darwin : "La femme se distingue de l'homme par sa sollicitude et un moindre égoïsme”.”

Enfin, l’évidence : on arrête de culpabiliser. On fait enfin taire l’insupportable petite voix qui nous pousse toujours à toujours tout faire pour les autres et à être trop gentille. “Garder en tête le fait que les femmes assument les deux-tiers du travail domestique, et que la répartition n'évolue guère. Les modèles de couple évoluent très lentement. En faire moins à la maison, traîner des pieds, se montrer paresseuse, être très occupée à l'extérieur, sont les seuls moyens de faire progresser la cause de l'égalité des tâches. En revanche, se dévouer aux autres, en faire toujours plus, dessert la cause des femmes ; cela réduit leur champ d'action social, leurs opportunités, cela réduit leur temps libre, leur temps de repos, leur santé et leur porte-monnaie. Sans même parler de leur liberté… Du reste pour faire changer les choses mieux vaut appréhender une certaine auto-détermination féminine autrement que par le mot égoïste, à connotation péjorative. L'égoïste est celle qui se soustrait aux attentes des autres (parents, partenaires, enfants) : n'est-ce pas le premier pas vers la liberté ? Celles que l'on appelle des "femmes libres", ne sont-elles pas avant tout des égoïstes ?” Cette dernière question m’interpelle. Tout le cheminement est là. L’égoïsme tout compte fait, c’est un peu la clé de la liberté.

Tout ça, je l’écris, mais même si je suis de plus en plus égoïste, il m’arrive encore trop souvent de m’occuper des autres avant de prendre soin de moi. D’ailleurs, est-ce que ce ne serait pas un bon test de magazine féminin à faire sur la plage ? Si vous avez le plus de réponses étoile, vous êtes une parfaite égoïste. Vous avez le plus de réponses rond, vous êtes sur la bonne voie, mais c’est pas encore tout à fait ça. Et si vous avez le plus de réponses carré, alors là, il vous reste encore un bon bout de chemin à parcourir.

Peu importe votre programme, je vous souhaite un été aussi chaud et ensoleillé que possible mais surtout, égoïste à n’en faire qu’à votre tête : ayez la liberté de faire ce que vous avez envie, quand vous en avez envie, avec qui vous avez envie.

Simone kiffe : les recommandations de notre invité.e

Une série de science-fiction haletante dans laquelle on retrouve Jennifer Connelly et Joel Edgerton qui nous poussent à réfléchir sur notre réalité. Tiré du livre de Blake Crouch, la série nous embarque au cœur de tous nos plus grands questionnements : qu’est-ce qui se serait passé si je n’avais pas fait tous les choix qui m’ont conduit jusqu’ici ? Un brin prise de tête, mais dans le bon sens du terme !

Ana s’est fait repérer sur les réseaux sociaux pendant le confinement (souvenez vous, cette période où on faisait du sport à la maison en essayant de réaliser son propre pain) en imitant la voix des journalistes de reportage. Depuis, elle s’est lancée dans le one woman show avec son premier spectacle, pour le moment en rodage, d’où le nom, sur la scène de La Petite Loge à Paris tous les samedis à 19h30 à partir du 21 septembre. 1h de rires garantis pour la découvrir avec l’impression de ressortir en s’étant fait une nouvelle BFF.

Kalindi Ramphul signe un premier roman drôle, touchant et dépaysant dans lequel elle raconte l’histoire d’Indira, qui vient de perdre un père qu’elle avait décidé d’ignorer. Pourtant, elle va organiser un road trip à la fois tendre et rocambolesque, pour lui rendre hommage, mais surtout pour se découvrir elle-même. Un roman parfait pour s’évader et se laisser emporter…

Le jeune franco-brésilien Tiago Caetano nous offre un premier single à la fois mélancolique et joyeux, reprenant tous les codes de la musique brésilienne populaire avec un twist bien à lui. Coup de cœur pour ce titre à savourer lors d’un été langoureux, en regardant un coucher de soleil avec la peau encore salée et sablée d’une journée qui s’est étirée sur la plage…

Le post Simone de la semaine

Et si on accordait un peu plus d’importance à l’amitié ? Alice Raybaud nous parle de l’amitié, une relation sociale souvent mise de côté. Son livre « Nos puissantes amitiés : Des liens politiques, des lieux de résistance » est disponible en librairie aux éditions La Découverte.

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Simone Data : le chiffre de la semaine

59%

C’est le proportion de Françaises qui assurent ne pas se sentir safe lorsqu’elles vont courir. Parce que oui, on va pas se mentir, si c’est la flemme qui nous empêche parfois de cavaler, la peur joue aussi. Et en parlant de ça, d’autres chiffres tirés d'une étude Adidas sont également flippants : 58% des femmes interrogées ont déjà fait face à un comportement inapproprié lors d’une sortie, plus de la moitié ont développé des problèmes d’anxiété et 46% ont carrément renoncé au running à cause de ça.

L’appli RunnrZ s’est penchée sur le sujet et vous propose un début de soluce à base d’IA et de géolocalisation. En gros : sa fonctionnalité SOS permet d’envoyer rapidement et facilement un SMS automatique à vos proches avec votre position exacte en cas de souci. Ce qui marche aussi en cas de blessure, bien sûr. Et ce n’est pas tout : l’app compte proposer bientôt une option “parcours éclairé” pour les courses nocturnes en ville. Deux bonnes raisons de (re)mettre des baskets, donc. En revanche, pour la flemme, RunnrZ ne peut rien faire, déso !

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