QU’EST-CE QUE LA MéTHODE DE SINGAPOUR POUR FACILITER L’APPRENTISSAGE DES MATHS à L’éCOLE PRIMAIRE ?

Dans une interview donnée à l’occasion de ses 100 premiers jours à Matignon, Gabriel Attal a réaffirmé son souhait de mettre en place la méthode de Singapour dans les programmes scolaires à l’école primaire. ELLE vous explique en quoi consiste cette méthode d’apprentissage des mathématiques.

Fini les tables d’addition à apprendre par cœur. Les petits écoliers français pourront bientôt appliquer la méthode de Singapour, apprenant les fractions dès la classe de CE1. Dans une interview accordée à BFM pour ses 100 premiers jours à Matignon, Gabriel Attal a annoncé l’adoption progressive de cette méthode novatrice pour les mathématiques, alors que le niveau des élèves français en la matière est considéré comme « catastrophique ». ELLE vous explique quelle est cette méthode qui aide les élèves à passer de « l’abstrait » au « concret ».  

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La méthode de Singapour a été établie par des professeurs de la cité-État d’Asie du Sud-Est. Elle se trouve être l’une des clés de la réussite scolaire des élèves locaux. Pourquoi autant d’élèves sont-ils « nuls » en maths ? La principale difficulté de cette matière réside dans son aspect abstrait. Pensée pour faciliter le passer du concret vers l’abstrait, la méthode permet aux élèves d’aborder dès le plus jeune âge des notions mathématiques abstraites avec beaucoup moins de difficulté. Lorsqu’elle est appliquée, elle est mise en place tout au long de la scolarité, de la maternelle à la sixième année, ce qui est l’équivalent en France de la sixième.  

6 temps d’apprentissage pour passer du concret à l’abstrait  

La méthode de Singapour se divise en six temps d’apprentissage que sont la manipulation, l’observation, la modélisation mathématique, la répétition, l’utilisation de jeux mathématiques et la résolution de problèmes. Dans un article du « Parisien », la docteure en didactique des mathématiques Monica Neagoy, autrice de manuels sur la méthode de Singapour, expliquait que ces différentes étapes permettent « d’emmener très graduellement les enfants du concret à l’abstrait, avec des représentations de nombres et des manipulations adaptées à leur âge et à leur développement ».    

Des cubes et jetons pour concrétiser les unités  

Pour se familiariser aux mathématiques, les enfants de 5 à 6 ans utilisent ainsi des cubes ou des jetons pour symboliser les unités. Quand ils passent à l’apprentissage des dizaines, on leur met dans les mains dix cubes emboîtables ou dix crayons dans un élastique. Dès l’âge de 7 ans, un élève utilise ensuite une plaque avec cent cubes ou un gros cube pour mille… Quand arrive l’âge de 10 ans environ, des disques de taille identique mais de couleurs différentes marqués 1, 10, 100, 1 000, 0,1 ou 0,01 peuvent être utilisés, toujours selon la spécialiste. « On se rapproche ainsi progressivement de l’abstraction. Les enfants sont ainsi à l’aise avec les nombres. Au secondaire, ils sont prêts à sauter dans le grand bain de l’abstraction », expliquait-elle.    

Une fraction symbolisée par une feuille de papier  

Des procédés qui permettent aux jeunes élèves de visualiser concrètement les opérations qu’ils effectuent. Grâce à ces jeux, les petits Singapouriens sont familiarisés dès l’école primaire avec les quatre opérations mathématiques de base : addition, soustraction, multiplication et division, sans grandes difficultés. Plus surprenant encore : un élève de CE1 apprend les fractions, là où les élèves français commencent généralement à l’aborder brièvement quelques années plus tard. Pour apprendre les fractions, nul besoin de dénominateurs et autres numérateurs puisqu’il suffira d’une feuille de papier que l’élève devrait plier en deux, trois ou quatre pour comprendre la notion. 

Apprendre dans la répétition  

Loin des interminables tables à apprendre par cœur comme un perroquet, ces méthodes privilégient le jeu pour comprendre ce qu’induisent concrètement les opérations demandées dans la vraie vie. Une étape essentielle qui permet aux élèves de transformer les situations expérimentées en modèle mathématique. Un jeune enfant qui aurait à disposition des jetons devra comprendre que s’il retire trois jetons d’un ensemble de cinq, il n’en restera que deux. C’est ensuite à lui de transposer cette action en opération, soit une soustraction. Dans la répétition, les enfants deviennent par la suite de plus en plus à l’aise avec l’esprit mathématique.  

Plébiscitée à l’international, la France pourrait être le nouveau pays à intégrer la méthode de Singapour à ses programmes scolaires.  Un bouleversement des méthodes pédagogiques traditionnelles qui s’explique par le niveau très préoccupants des jeunes français en mathématiques. Une baisse inédite du niveau des élèves a ainsi été enregistrée en France sur les cinq dernières années, selon les résultats de l’ enquête Pisa de l'OCDE. Avec 474 points, la France se place loin derrière Singapour qui reste première avec ses 575 points.  

Le rapport contrarié des Français aux mathématiques avait déjà été souligné en février 2018 par Cédric Villani, ancien député et mathématicien, qui avait remis un rapport sur le sujet aux côtés de l’inspecteur général de l’Éducation nationale Charles Torossian. Leur constat avait donné suite à 21 mesures pour l’enseignement des mathématiques, dont l’intégration de la méthode de Singapour dans le système scolaire français. 

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