METROMINUTO : ET SI LA VILLE DE DEMAIN SE PARCOURAIT à PIED ?

En Espagne, à Pontevedra, une carte de déplacements piétons a été imaginée sur le modèle des plans de métro. Un dispositif à succès, qui encourage les mobilités douces.

Comment dit-on "ça use les souliers" en espagnol ? Les habitants de Pontevedra doivent avoir la réponse… Dans cette commune du nord-ouest de l’Espagne, des cartes de déplacements pour les piétons ont vu le jour sur le modèle des plans de métro.

Le projet, baptisé Metrominuto, repose sur une formule simple : encourager les habitants à parcourir la ville à pied en leur proposant des itinéraires qui reprennent le code graphique des lignes de métro. Ces derniers relient les points stratégiques de la ville et indiquent les distances et les temps de parcours (calculés selon une moyenne de 4 à 5 kilomètres par heure).

"L'idée du Metrominuto est née en 2011, expliquait récemment dans El Mundo Antón Prieto Méndez, Directeur de la communication du conseil municipal de Galice. Malgré des mesures fortes prises à Pontevedra, on observait encore des résistances de la part de nombreuses personnes, qui continuaient à prendre la voiture pour acheter du pain. Nous avons pensé qu'il fallait aller plus loin pour motiver les citoyens et nous avons voulu proposer, plus qu'une campagne temporaire, un dispositif permanent qui permet de dédramatiser le déplacement piéton."

L'ère de la "ville du quart d'heure"

Plébiscitée par les habitants de Pontevedra, la carte a ensuite été adaptée par 80 municipalités en Espagne, de Vitoria à Bilbao, de Valence à Séville. Des villes françaises ont aussi emboîté le pas, comme Toulouse ou Saint-Brieuc, dont le plan indique aussi le temps de parcours à vélo lorsque l’itinéraire à pied dépasse les 20 minutes. En 2015, l’ingénieur français Guillaume Martinetti s’était déjà amusé à revisiter le plan de métro parisien en indiquant le temps de marche entre chaque station.

Le projet Metrominuto séduit particulièrement les petites villes, qui ne possèdent pas de réseau de métro. "En Espagne, poursuit le Directeur de la communication, nous avons la chance de vivre dans des villes très compactes, où tout ou presque est accessible à pied. Ces cartes permettent de visualiser cette proximité. À Pontevedra par exemple, elles nous révèlent qu'il faut exactement 14 minutes pour aller de la Place de la Peregrina [au centre de la ville, Ndlr.] à la gare."

S’il défend les mobilités douces, ce dispositif révèle aussi une nouvelle conception de la ville. Pour l’Espagnole Ana Montalbán, Directrice de l’Association du Réseau des villes piétonnes en Espagne, le Metrominuto anticipe l’ère à venir, qui sera celle de la proximité et de la ville du quart d’heure. "Il s’agit, conclut-elle dans El Mundo, d’un outil visuel qui montre que les choses sont plus proches de nous qu’on ne le pense."

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