UNE ARMURE ROMAINE UNIQUE AU MONDE (ET AUTREFOIS TRèS APPRéCIéE DES LéGIONNAIRES) RESTAURéE EN TURQUIE

La découverte et la restauration d'une rare armure romaine, unique au monde par son état complet, offrent un nouvel aperçu de l'équipement léger mais solide des légionnaires antiques.

C'est le seul exemplaire complet connu de ce type d'armure en écailles, utilisé par l'armée romaine durant l'Antiquité : la Lorica Squamata mise à jour dans l'ancienne colonie romaine de Satala (actuelle Sadak, province de Gümüşhane, nord-ouest de la Turquie) en 2020. Or, après plus de 1 500 ans dans la terre – et trois ans dans les mains des archéologues –, l'équipement a enfin retrouvé de sa superbe. Il a en effet fini d'être restauré par des experts de l'université Atatürk d'Erzurum, a annoncé le ministère turc de la Culture et du Tourisme le 19 juin 2024.

🛡️ Satala Antik Kenti'nde Büyüleyici Bir Keşif! 🛡️Gümüşhane'nin tarihî hazinesi Satala Antik Kenti'nde 2020 yılında bulunan Roma lejyoner zırhı, tam 3 yıl süren özenli çalışmalarla restore edildi.Erzurum Restorasyon ve Konservasyon Bölge Laboratuvarı'nda uzman ellerde yeniden hayat bulan ve dünyada bilinen tek Lorica Squamata model zırh, neredeyse kusursuz bir şekilde günümüze ulaştı.👏Roma İmparatorluğu'nun savaşçı geçmişine dair eşsiz bir pencere açan bu muhteşem eserin çıkarılmasında emeği geçen Kültür Varlıkları ve Müzeler Genel Müdürlüğü personelimize teşekkür ediyorum.✨

Posted by Mehmet Ersoy on Wednesday, June 19, 2024

Satala, carrefour stratégique oriental de l'Empire

Située aux confins orientaux de l'Empire romain, en Anatolie, la cité antique de Satala était le lieu de villégiature de la célèbre quinzième Légion romaine (Legio XV Apollinaris), qui prit part à presque toutes les guerres livrées par Rome contre les Parthes puis leurs successeurs, les Sassanides. Un grand camp permanent (castra stativa) y fut donc installé par l'empereur romain Vespasien (9-79 apr. J.-C.) dès le Ier siècle apr. J.-C., afin de protéger ses frontières.

Il faut dire que l'emplacement de Satala, sur les rives du ruisseau d'Aksu – affluent de la rivière Kelkit qui se jette dans la mer Noire et était surnommée le "fleuve loup" durant l'Antiquité – est un carrefour stratégique, avec un accès facile aux routes commerciales passant par l'Euphrate et la Mésopotamie. Sous l'empereur byzantin Justinien Ier (~482-565 apr. J.-C.) se développe autour du centre militaire une ville entière, avec des thermes, des théâtres, des temples et un forum.

Au VIIe siècle, la ville disparaît toutefois dans le cadre des conquêtes arabes. Ses fortifications, visitées par pas moins cinq empereurs romains et autour desquelles a finalement grandi une véritable cité en six siècles, font toujours l'objet de fouilles. La saison de 2020 fut à l'origine de l'incroyable découverte de la Lorica Squamata, dans un état remarquable de préservation.

"Seul exemplaire complet connu au monde"

​​Transférée dans la ville turque d'Erzurum, l'armure encore recouverte de terre a fait l'objet d'examens approfondis (microtomographies computérisées, radiographies), qui ont confirmé qu'elle était intacte dans sa presque totalité. L'analyse de trois petites écailles en métal, prélevées sur ses bords, a aussi permis de déterminer ses dimensions complètes et de révéler certaines de ses propriétés. Après plus de trois ans de travaux minutieux, les plaques métalliques de l'équipement défensif ont été replacées, superposées et cousues une à une.

Remontée sur un mannequin, restaurée, l'armure a finalement retrouvé sa forme originale, nous permettant de découvrir à quoi ressemblait une Lorica Squamata de la période romaine tardive. "[Ce] seul exemplaire complet connu au monde [...], ramené à la vie par les mains expertes du Laboratoire régional de restauration et conservation d'Erzurum, est parvenu jusqu'à nous presque intact [...] offrant ainsi une fenêtre unique sur le passé guerrier de l'Empire romain", s'est enthousiasmé sur Facebook Mehmet Nuri Ersoy, ministre de la Culture et du Tourisme turcs.

Un rarissime héritage de l'ingéniosité romaine

À l'apogée de l'Empire romain, la Lorica Squamata était couramment portée par les légionnaires ainsi que les auxiliaires d'infanterie et de cavalerie (The armour of imperial Rome, Henry Russell Robinson, 1975). À partir du IIIe siècle apr. J.-C., elle est même portée par la prestigieuse garde prétorienne, unité militaire d'élite formée pour servir à la protection personnelle des empereurs romains – et qui a joué une influence politique significative dans l'histoire de l'Empire. Des soldats l'arborant peuvent être observés sur le relief de l'Arc de Constantin à Rome.

Pour cause, sa structure en écailles superposées la rendait très difficile à perforer, offrant ainsi une défense solide et fiable pour son porteur. De petites pièces en bronze, en fer ou en laiton (les fameuses squamae, "écailles"), mesurant entre 0,5 et 0,8 millimètre d'épaisseur pour maintenir le poids total de l'équipement sous contrôle, comportaient des trous pour pouvoir être cousues en nombre sur un support en tissu ou en cuir. L'armure était ainsi plus flexible et plus légère qu'une Lorica Segmentata, cuirasse articulée aux plaques rigides et lourdes.

Si elle était aussi plus facile à fabriquer qu'une cotte de mailles (Lorica Hamata), elle exigeait toutefois un entretien coûteux pour maintenir les écailles en place et remplacer celles qui s'oxydaient avec le temps. Le matériel des légionnaires n'était pas fabriqué sur commande. Il était réparé et réutilisé au besoin. Cet opportun recyclage explique néanmoins pourquoi les armures survivantes sont extrêmement rares de nos jours. Une fois endommagées au-delà de toute possibilité de remise en état, elles étaient fondues pour en récupérer le précieux métal.

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