DEUX FOIS PLUS QU'EN 2018: À GENèVE, L'HôPITAL A Dû APPELER LA SéCURITé 5318 FOIS EN UNE ANNéE POUR GéRER DES PATIENTS

Les agents de sécurité qui exercent aux hôpitaux universitaires genevois sont sous pression. Appelés de plus en plus vite à intervenir, ils sont parfois blessés. En cause, notamment, un respect pour les soignants en chute libre de la part des patients et des proches.

Une société «plus anxiogène et individualiste», la pandémie de Covid-19 comme «catalyseur»... Les raisons de l'augmentation drastique de la violence à l'hôpital laissent penser que les cas vont continuer à se multiplier.

«Le Temps» du 27 mars a rencontré le directeur de la sécurité et de la sûreté des Hôpitaux universitaires genevois (HUG), ainsi que le chef des opérations. Les deux hommes dépeignent, dans les colonnes du quotidien, des situations impensables. Des armes confisquées — dont un sabre de samouraï! — des agents poussés à utiliser la contrainte physique...

Fractures et dents cassées

En 2023, la contrainte a été utilisée 899 fois, le plus souvent sur des patients, soit pour permettre aux agents de se défendre, soit pour astreindre aux soins. C'est deux fois plus qu'en 2018. Chiffre plus impressionnant encore: les agents de sécurité sont intervenus, au total, 5318 fois l'an passé aux HUG. Selon «Le Temps», les soignants appellent la sécurité de plus en plus tôt.

De plus en plus tôt, pour des conflits de plus en plus dangereux pour les agents. Le chef des opérations du département de la sécurité relate la mésaventure récente de deux de «ses» hommes, blessés après avoir pris un cas en charge. L'un a eu le coude fracturé, l'autre, le poignet et quatre dents cassées.

Il y a comme un effet boule de neige qui provient, notamment, d'un certain accablement des soignants à devoir gérer de la violence. Dans certaines unités, explique au «Temps» le directeur de la sécurité et de la sûreté, Alexandre Garrido, le personnel n'a pas l'habitude de gérer de l'agressivité. Ils appellent alors les agents de sécurité dès qu'une situation est inconfortable.

Respect pour les médecins en chute libre

Des agents déjà sous pression. En 2023, ces 33 fonctionnaires assermentés qui exercent aux HUG ont cumulé 1100 jours d'absence. Quatorze d'entre eux ont été arrêtés à la suite d'une blessure. Un soignant confie au quotidien que le respect des patients, mais aussi des proches, envers les professionnels de la santé a beaucoup diminué.

Alexandre Garrido précise, au sujet des agents, qu'ils ont développé, en 40 ans de collaboration avec l'hôpital universitaire genevois, des tactiques spécifiques. Ils sont armés d'un bâton tactique ou d'une matraque télescopique, ainsi que de menottes. Mais leurs premiers outils sont «le regard et la parole».

2024-03-27T21:46:56Z dg43tfdfdgfd