FAUT-IL CRAINDRE LA «BACTéRIE MANGEUSE DE CHAIR» EN SUISSE?

Depuis le début de l'année, les autorités japonaises font état de nombreux cas liés à une mystérieuse maladie, le syndrome de choc toxique streptococcique. Quelle est la situation en Suisse? watson a posé la question.

Du 1er janvier au 10 mars, les autorités nippones ont révélé 474 cas d'une mystérieuse maladie. Pour mesurer l'étendue de l'inquiétude, 27 des 47 départements de l’archipel ont été forcés de déclarer l'alerte rouge. En 2023 déjà, le Japon avait enregistré 941 cas.

Cette mystérieuse maladie est due au streptocoque A, une bactérie à l'origine de diverses infections et qui répond au doux surnom de «bactérie mangeuse chair». Comme l'analyse L'Express, elles sont constamment présentes dans l’ensemble des bactéries, virus et champignons qui vivent sous la couche superficielle de la peau et dans les muqueuses, en particulier dans la gorge.

Comment se transmet-elle?

La bactérie se transmet le plus souvent par contact direct par des plaies infectées sur la peau, les fluides du nez ou de la gorge des personnes touchées, et lorsqu’une personne tousse ou éternue sur une autre.

Ce pathogène a un fort potentiel épidémique par sa transmission par voie aérienne. Il vise principalement les muscles et s'il s'étend trop, son traitement peut nécessiter «l’excision chirurgicale des tissus nécrosés ou même l’amputation d’un membre», expliquait le Centre français des références du streptocoque (CNR).

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Est-ce un danger?

Selon les différentes informations compilées, la plupart du temps, le streptocoque A se solde par une angine, un impétigo ou la scarlatine, des pathologies bénignes. Or, selon la chaîne japonaise TBS, il peut aussi être à l’origine d’un syndrome de choc toxique streptococcique (SCTS), dont le taux de mortalité s’élève entre 30 et 70%.

«Il existe encore de nombreux facteurs inconnus concernant les mécanismes à l’origine des formes fulminantes (sévères et soudaines) de streptocoque, et nous n’en sommes pas au stade où nous pouvons les expliquer.»

- Institut national des maladies infectieuses au Japon -

Pour combattre cette maladie, aucun vaccin n'a été trouvé contre les infections à streptocoques A. Une pluie d'antibiotiques est le remède numéro 1 à ce jour.

Pourquoi cette flambée au Japon?

Certains experts estiment que l’augmentation rapide des cas l’année dernière est liée à la levée des restrictions Covid en mai 2023. Ce relâchement a poussé les gens à baisser leur garde et abandonner les gestes barrières, avec pour effet d'être moins protégé après des années à porter le masque et s'arroser les mains de désinfectant.

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Interrogé par le Guardian, Ken Kikuchi, professeur de maladies infectieuses à l'Université de médecine des femmes de Tokyo, rappelait que 50% des Japonais avaient été infectés par le Covid.

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Et en Suisse?

En 2023, plusieurs enfants en Suisse avaient été touchés par une augmentation du nombre d’infections invasives à streptocoques du groupe A, révélait le système de surveillance des maladies pédiatriques.

Contactée, l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) assure que les chiffres indiquent une baisse des cas d'infection chez les enfants. «Actuellement, on constate déjà un recul du nombre de cas déclarés à un niveau similaire à celui d'avant le pic de la dernière saison 2022/2023», nous écrit l'OFSP.

Les chiffres sont visibles grâce au système de déclaration de la Swiss Paediatric Surveillance Unit (SPSU), qui compile le nombre d'hospitalisations d'enfants de moins de 17 ans.

Interrogée par nos soins, la médecin Anita Niederer-Loher, spécialiste de la question en Suisse, indique que les infections sont revenues à la normale dans le secteur pédiatrique.

«En Suisse, nous avons probablement déjà dépassé le pic des infections streptococciques, du moins en pédiatrie»

- Anita Niederer-Loher de l'hôpital pédiatrique de Saint-Gall -

Selon elle, «la pandémie a peut-être contribué à cette augmentation du nombre de cas».

«On ne peut pas supposer qu’il y ait eu un réel changement ni même un affaiblissement permanent du système immunitaire»

- Anita Niederer-Loher -

Si les enfants étaient donc les premiers touchés en Suisse, au Japon, ce sont à présent les personnes plus âgées qui sont touchées. Selon le Guardian, il y a davantage de décès chez les patients de moins de 50 ans. Mais la tendance nipponne ne semble pas inquiéter nos autorités sanitaires nationales.

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