Dans son bulletin du 28 juin, Santé Publique France fait le point sur la “flambée épidémique de la coqueluche”. Au niveau national, près de 7.000 cas de coqueluche ont été recensés en France, notait SPF le 7 juin dernier, contre 518 cas recensés sur l’intégralité de l’année 2023. Dans son bulletin du 28 juin, les autorités sanitaires notent que “les différents indicateurs de surveillance de la coqueluche suivis par Santé publique France confirment une situation épidémique installée sur le territoire avec une circulation de la bactérie très importante au cours du premier semestre 2024 et qui s’intensifie ces dernières semaines”.
Au niveau européen, l’European Centre for Disease Prevention and Control (ECDC) “a recensé entre le 1er janvier et le 31 mars 2024, un nombre de cas de coqueluche bien supérieur à celui de l’année 2023 : 32 037 cas contre 25 130 cas en 2023”.
Après avoir donné l’alerte en avril dernier sur une augmentation du nombre de cas de coqueluche dans l’Hexagone, Santé publique France confirme désormais “le démarrage d’un nouveau cycle épidémique cette année”. "Je pense qu'on peut parler d'explosion", a notamment commenté Sylvain Brisse, responsable du Centre national de référence de la coqueluche et autres bordetelloses à l'Institut Pasteur, dans les colonnes de France Info le 4 juin 2024.
La coqueluche est “une infection bactérienne très contagieuse dont la transmission se fait principalement dans la famille ou en collectivités au contact d’une personne malade présentant une toux”, indique Santé Publique France. Elle peut entraîner des formes graves chez certaines personnes comme les femmes enceintes, les personnes âgées, mais aussi les nourrissons de moins de six mois.
Comme le précise l'Assurance Maladie, après une contamination, "la période d'incubation, sans aucun symptôme, peut aller de sept jours à trois semaines. Généralement, elle est d’environ dix jours". Puis, les symptômes apparaissent au fil de la maladie. Elle débute par un écoulement nasal, pendant une à deux semaines. Puis, une toux apparaît. D'abord "modérée", elle laisse place à des quintes de toux. Ces dernières se caractérisent par :
Sur son site, l’Assurance maladie précise que “cette contamination se fait par voie aérienne au contact du sujet malade par les gouttelettes provenant du nez ou de la bouche lors de la toux”. La contagiosité est à son niveau le plus élevé lors de la première semaine de la toux. “Elle dure trois semaines en l’absence de traitement, mais seulement cinq jours après le début d’une antibiothérapie efficace”.
En France, cinq pics épidémiques sont donc survenus depuis l’instauration du vaccin : en 1997, 2000, 2005, 2009, et le pic de 2012-2013, avec un taux de létalité se situant entre 1% et 3%. Comme le rappelle le CHU de Montpellier, “l’analyse des carnets de santé parmi les nourrissons hospitalisés a montré que plus de 70% à 80% d’entre eux n’avaient reçu aucune dose du vaccin contre 0% à 2% qui avaient reçu les 3 doses”.
Pour limiter les formes, les autorités sanitaires insistent sur l’importance de la vaccination, pour “réduire les formes sévères, les hospitalisations et les décès liés à la coqueluche qui surviennent essentiellement chez les nourrissons de moins de 6 mois”. Cette dernière est “particulièrement recommandée avant une grossesse, et pour les personnes fragiles ou exposées à la coqueluche”, détaille l’Assurance Maladie.
Aussi, la stratégie vaccinale de la France repose sur la vaccination :
Le vaccin contre la coqueluche est recommandé pour :
Par ailleurs, Santé publique France rappelle l’importance du port du masque face à la recrudescence des cas de coqueluche.
En avril dernier, Santé Publique France signalait déjà “une circulation plus importante de la maladie sur le territoire depuis le début de l’année 2024”. Elle confirme dans son actualité du 7 juin “le démarrage d’un nouveau cycle épidémique cette année” et précise que, sur les cinq premiers mois de l'année 2024, 6.962 PCR positives ont été recensés, contre 518 pour toute l’année 2023. Un phénomène également visible au niveau européen : plus de 32.000 cas ont été comptabilisés par l’European Centre for Disease Prevention and Control (ECDC) depuis le début de l’année 2024, contre un peu plus de 25.000 cas sur toute l’année 2023.
Dans son entretien accordé à France Info, Sylvain Brisse de l'Institut Pasteur indique, que l'"on n'a jamais vu ça depuis plus de 40 ans environ. Ni ce nombre de cas, ni une augmentation aussi rapide". Il ajoute par ailleurs que cette situation pourrait durer quelque mois, "y compris pendant la période des Jeux olympiques et paralympiques à Paris."
En France, la situation de la coqueluche est suivie par le réseau Renacoq qui comptabilise 42 services pédiatriques hospitaliers depuis 1996. Comme le précisait Santé Publique France en avril dernier, “même si le nombre de cas de coqueluche a fortement diminué depuis l’introduction du vaccin, la bactérie continue de circuler.” SPF note par ailleurs dans son bulletin du 28 juin la présence de trois souches résistantes aux macrolides (un actif qui empêche les bactéries de se reproduire). “C'est un signal considéré comme modéré mais qui nécessite un suivi rapproché”.
Santé Publique France note que “l'ampleur du pic et la durée de ce cycle épidémique ne sont pas prévisibles”. Les autorités sanitaires précisent que cette maladie “évolue par cycles de recrudescence tous les 3 à 5 ans”. Si le dernier pic de contamination était en 2017-2018 avec 162 cas rapportés, Santé Publique France, avec un rebond attendu en 2021-2022, estime que “le contexte exceptionnel et les mesures sanitaires mises en œuvre dans le cadre de l’épidémie de Covid-19 ont probablement réduit la transmission de la coqueluche”. C'est aussi ce que suggère Sylvain Brisse de l'Institut Pasteur : "Peut-être à cause des mesures barrières de la période Covid, l'immunité de la population est plus faible".
Sources :