L'OFSP CROULE SOUS LES DEMANDES DE PSILOS, DE LSD ET DE MDMA

Les demandes de dérogations pour bénéficier d'un traitement thérapeutique à base de drogues psychédéliques battent des records en Suisse.

«Actuellement, ça augmente fort. La demande est énorme et notre liste d'attente s'allonge de jour en jour. On n'arrive plus à suivre. Et pourtant, tous les dossiers qui nous parviennent de l'étranger, notamment de France et de Belgique, sont refusés d'office», explique Daniele Zullino, chef du service d’addictologie aux HUG et prof à l’UniGE, en référence aux demandes de traitement à base de drogues, comme le LSD ou la psilocybine. Ou plus exactement: de psychothérapie assistée par psychédéliques (PAP).

Son service, qui peut traiter «jusqu'à 4 patients par jour dans deux salles», tourne pratiquement à plein régime. «Depuis l'ouverture, il y a quatre ans, nous avons traité quelque 300 patients», précise Daniele Zullino. S'il a été le premier à proposer des PAP au sein d'un hôpital universitaire, les ouvertures de centres, institutions et autres associations se multiplient depuis. «Énormément de collègues se sont ajoutés entretemps, notamment des Bâlois et des Zurichois. Cela dit, nous avions l'avantage d'avoir déjà toutes les autorisations pour traiter avec les stupéfiants et nous étions déjà dans ce domaine de recherche», rappelle ce précurseur.

Plus de 500 patients en Suisse en 2023

Le constat est largement confirmé par Berne, l'OFSP étant le seul à pouvoir octroyer des dérogations pour prendre des psychédéliques en toute légalité. Alors qu'en 2016 douze autorisations exceptionnelles ont été accordées, plus de 500 l'ont été l'année dernière. Et un nouveau record se profile déjà pour 2024, précise le «Tages-Anzeiger». Mais attention, «on ne vient pas ici pour se faire un petit trip et ça va mieux. Pour être candidat, il faut déjà avoir essayé d'autres thérapies, comme des psychothérapies ou des médicaments, sans que cela n'ait fonctionné. De plus, la prise de psychédéliques est entourée de séances. En tout, cela représente des dizaines d’heures de thérapie.»

Actuellement, la PAP demeure essentiellement un complément aux thérapies conventionnelles, en cas de troubles anxieux ou dépressifs, voire d'addiction. Mais le chercheur genevois estime que le champ des possibles est immense. «Que ce soit en Suisse ou à l'étranger, des dizaines de projets de recherche sont en cours. Bien sûr, il ne s'agit à ce stade que d'hypothèses de travail, dont une grande partie seront finalement écartées. Mais nous sommes au début d'une nouvelle ère. N'allez toutefois pas croire que nous allons mettre du LSD jusque dans l'eau potable, parce que ce serait la panacée. Il ne faut pas avoir d'attente irréaliste non plus», décrit Daniele Zullino, qui ajoute que, dans l'Orégon (USA), les psychédéliques obtiendront dans quelques mois le statut de médicaments.

2024-07-03T19:14:45Z dg43tfdfdgfd