LA PREMIèRE CAPSULE SARCO SERA TESTéE EN SUISSE

Créé par le fondateur d'Exit International, l'appareil qui provoque l'asphyxie par l'azote sera bientôt inauguré en Suisse. Mais la procédure soulève de multiples questions.

Il suffit d'entrer dans cette capsule aux airs futuristes, d'appuyer sur un bouton pour faire se répandre l'azote et la mort survient. Pour Philip Nitschke, inventeur de la capsule de suicide Sarco et fondateur de l'organisation Exit International, tout un chacun, même en bonne santé, doit avoir le droit de choisir sa mort en paix. Personnalité controversée, cet ancien médecin australien de 76 ans a décidé que l'appareil serait testé pour la première fois en Suisse, possiblement en juillet, rapporte la «NZZ».

Ce n'est pas un hasard si le militant Philip Nitschke a choisi notre pays pour inaugurer Sarco, développé en collaboration avec le designer néerlandais Alexander Bannink. La Suisse est considérée comme un paradis pour les militants du suicide assisté. Avec la filiale Exit Switzerland qu'il a créée - et qui n'a rien à voir avec l'organisme Exit Suisse, qui abrège les souffrances des malades incurables -, l'homme veut se rendre indépendant des organisations de suicide assisté locales.

Sarco pose de nombreuses questions

Mais l'utilisation de cette capsule de suicide soulève de multiples questions, d'abord juridiques. La loi sur les dispositifs médicaux «peut inclure un appareil qui tue une personne», explique Kerstin Noëlle Vokinger, professeur de droit et de médecine à l'Université de Zurich. Sarco devrait alors être certifié avant son utilisation et surveillé par l'autorité de contrôle des produits thérapeutiques Swissmedic. S'il était dénoncé pour cette pratique et se retrouvait au tribunal, Philip Nitschke risquerait la prison pour avoir mis en circulation un produit médical sans autorisation et pour avoir aidé une personne à se suicider, pour des «motifs égoïstes».

Autre question essentielle, les personnes qui souhaitent en finir meurent-elles vraiment sans douleur? En janvier, la première exécution d'un meurtrier aux Etats-Unis par asphyxie à l'azote a suscité des doutes quant à la méthode. Des experts des Nations Unies ont d'ailleurs sévèrement critiqué la procédure, considérant qu'il n'était pas question d'une mort «rapide, indolore et humaine», rapportent nos confrères alémaniques.

Pegasos se distancie

Les représentants des organisations suisses d'euthanasie ne sont pas rassurés. C'est le cas de l'Association suisse de mort volontaire assistée Pegasos. «Nous ne voulons plus rien avoir affaire avec Nitschke et son organisation», déclare son président, Ruedi Habegger. Pegasos avait voulu s'associer à Philip Nitschke, avant de se rétracter en raison de doutes juridiques.

Pour l'heure, on ignore qui sera la première personne à utiliser Sarco, et où et quand exactement sera testé l'appareil dans notre pays. Et justement pour les raisons évoquées, il se pourrait qu’on ne le sache pas, du moins pas avant un moment.

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