UN DERMATOLOGUE SUR CETTE MALADIE DE PEAU: «LA GALE N'EST PAS UNE MALADIE MORTELLE, ELLE EST SIMPLEMENT GêNANTE»

Le dermatologue Christian Greis travaille à l'hôpital de Zurich. Il traite actuellement de plus en plus de patients souffrant de la gale. Dans cette interview, il explique pourquoi un dépistage précoce est important et ce qu'il faut faire pour gérer la contamination.

Christian Greis travaille comme dermatologue à l'hôpital universitaire de Zurich. Actuellement, la Suisse connaît une vague de gale, comme nous le confirme le spécialiste qui reçoit, lui aussi, toujours plus de patient. Le médecin revient pour Blick sur les causes de cette maladie, comme la dépister et ce qu'il faut faire pour la traiter. Il relativise d'emblée: la maladie est certes gênante, mais aucunement mortelle. Interview.

Christian Greis, vous vous occupez de petites bêtes sous la peau...C'est exactement ça. Les acariens de la gale vivent dans la couche supérieure de la peau, là où ils ont encore de l'air pour respirer. Ils creusent des galeries et y déposent des œufs et des excréments. Cela active le système immunitaire, ce qui provoque des démangeaisons.

A quelle fréquence rencontrez-vous actuellement cette maladie à l'hôpital?On ne constate pas de flambée, mais les cas sont en augmentation. L'infection par la gale n'est pas une maladie que l'on doit obligatoirement déclarer: c'est la raison pour laquelle nous ne disposons pas de chiffres précis.

A quoi attribuez-vous cette évolution?Après le Covid, la mobilité a de nouveau augmenté. Les contacts interpersonnels sont plus nombreux. Cela favorise la propagation de l'acarien de la gale.

Comment s'infecte-t-on?Si vous et moi sommes ensemble dans une pièce, il n'y a aucun risque. Si nous passons plusieurs heures ensemble sur le canapé, le risque de contagion augmente. Si vous dormez dans un lit où une personne atteinte de la gale a passé la nuit précédente, il y a également un risque de contamination. Le contact direct avec la peau est le meilleur moyen de transmission. La gale est une maladie potentiellement sexuellement transmissible.

Où s'infecte-t-on?Il y a quelques années, lors des grands flux de réfugiés, il y avait beaucoup de problèmes dans les centres d'asile. Actuellement, nous les voyons plutôt à l'armée, dans les maisons de soins ou les crèches.

Cette évolution vous inquiète-t-elle?La gale n'est pas une maladie mortelle. Elle est simplement gênante. Toutes les personnes concernées seront d'accord avec moi. Ce ne sera que lorsque les cas augmenteront de manière exponentielle que nous serons confrontés à de graves problèmes. Nous n'en sommes pas là. Il est important que la population soit proprement et objectivement informée. Un dépistage et un traitement précoces limitent la propagation.

La gale est-elle douloureuse?Les symptômes ne commencent que quelques semaines après la contamination. C'est ce qui est insidieux. Les acariens doivent d'abord se multiplier et les défenses de l'organisme doivent mettre en place une réponse immunitaire. Pendant ce temps, on est déjà contagieux. Dans de nombreuses maladies de la peau, on est gêné par les rougeurs, et en plus, ça démange. Dans le cas de la gale, les démangeaisons sont le principal symptôme. Elles surviennent surtout la nuit. Les acariens se sentent bien là où il fait chaud. La tête et le visage sont très rarement touchés. Les symptômes de la gale se manifestent généralement entre les doigts et les orteils, sous les aisselles, au nombril ou dans la région génitale.

Comment traiter la maladie?Les bestioles peuvent survivre jusqu'à quatre jours sans contact humain. Il ne sert donc à rien de suivre un traitement et de se coucher ensuite à nouveau dans le lit contaminé. Vous ne ferez que vous réinfecter. Les parasites ne se cachent pas dans les plinthes. Il est important de laver la housse de couette, les vêtements, les serviettes et même les peluches, à au moins 60 degrés.

Et quelles sont les mesures médicamenteuses?Il existe des crèmes et des comprimés. On part du principe que souvent, toutes les bestioles ne sont pas tuées du premier coup, en particulier celles qui ne sont pas encore sorties des œufs. C'est pourquoi on répète le traitement après dix jours en cas d'infestation plus importante. Les acariens meurent, mais restent encore quelques jours dans le corps. Les démangeaisons sont traitées avec des pommades à la cortisone ou des comprimés antiallergiques.

Les personnes qui souhaitent prendre un rendez-vous chez le médecin doivent souvent attendre longtemps...Nous avons de longs délais d'attente, en particulier en dermatologie. Cette situation est problématique pour le diagnostic précoce. L'hôpital universitaire de Zurich propose une consultation en ligne. Nous pouvons y obtenir rapidement un résultat et une thérapie sans contact personnel avec le patient.

Comment se protéger au mieux?On ne peut pas se protéger entièrement d'une contamination. La fréquentation du jardin d'enfants ou les voyages font partie de notre quotidien. Comme pour le Covid, le bon sens est de mise.

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