AU PALAIS DE JUSTICE, LA RELAXE POUR BEETHOVEN

Les notes du Symphonia Genève et les mots de deux comédiens ont donné un relief humain au génie surnaturel du compositeur allemand.

C’est un espace où résonne habituellement une tout autre musique. Les pas des prévenus, par exemple, et ceux des avocats, des procureurs publics et des greffiers, qui traversent d’un air concerné ce petit coin de la vieille ville. De ce monde qui sanctionne et qui acquitte, il ne restait pas presque pas de traces dans la Cour du Palais de Justice à l’heure d’ouvrir les lieux à la Fête de la musique. Samedi à 14h tapantes, il y a eu juste ce petit rappel: des talkies-walkies des préposés à la «Sécurité – Pouvoir judiciaire» (étiquette estampillée sur leurs dos) grésillant puis se taisant définitivement au moment où le concert allait commencer enfin.

Échanges épistolaires

Sur scène, et face à un public très nombreux, débordant largement l’espace qui lui était consacré, un orchestre a trouvé ses marques en serrant quelque peu les pupitres. C’est le Symphonia de Genève, entité née en 2017 des cendres du Nouvel Orchestre de Genève. Son chef Olivier Pianaro et deux comédiens sont aussi là. Car il s’agit certes de suivre des partitions, mais de raconter aussi une histoire, celle qu’a conçue l’auteure Barbara Nichol dans son livre «Beethoven Lives Upstairs» («Beethoven vit à l’étage», ouvrage non traduit).

Ce récit suit les échanges épistolaires entre le jeune Christophe, 12 ans, et son oncle. Le premier racontant au second le quotidien de cet étrange personnage qui a loué une pièce à l’étage supérieur de la maison familiale. L’homme en question fait beaucoup de bruit sans le savoir, puisqu’il est sourd; il joue quatre pianos différents, auxquels il a fait par ailleurs scier les pieds pour qu’il puisse entendre les vibrations sur le plancher. Cet homme, et bien, n’est d’autre que Beethoven. Un compositeur vieillissant, peu aimable au premier abord, mais qui le devient avec le temps, au fil des rencontres avec le jeune héros de l’histoire.

Le génie de Bonn acquiert ici des contours fictionnels, mais garde néanmoins ce qui importe le plus: son feu artistique, rappelé sans cesse par l’orchestre. Ainsi, entre les mots dits, des extraits d’œuvres universelles envahissent la cour dans un jeu de miroirs haletant: la «Cinquième Symphonie» – celle du «Ta-ta-ta- taaaaaa» –, la «Neuvième», les sonates pour piano («Au clair de lune»…) et d’autres zestes de partitions ont rappelé tout ce qu’à commis Beethoven. Et tout cela lui vaut bien évidemment la relaxe.

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