COMMENT VIVAIENT NOS ANCêTRES IL Y A 6000 ANS?

Une universitaire de Genève a travaillé sur des échantillons provenant d’une cinquantaine de corps retrouvés en Valais.

Comment connaître ou se familiariser avec les coutumes et mœurs de nos ancêtres du néolithique? Par exemple en appliquant l’analyse isotopique sur des restes humains d’il y a environ 6000 ans. C’est en tout cas ce qu’a fait Déborah Rosselet-Christ, de l’Université de Genève, dans le cadre de son travail de maîtrise universitaire en archéologie préhistorique.

Pour ces époques lointaines, les isotopes du carbone, de l’azote, du souffre et du strontium, notamment, dépendent fortement du milieu et de l’environnement de chaque individu. La technique a ainsi été appliquée à des populations agropastorales alpines du néolithique moyen en Suisse romande.

Le néolithique est marqué par les débuts de l’élevage et de l’agriculture. En Suisse, on le situe globalement entre 5500 et 2200 ans avant notre ère. Le passage de la prédation à une économie de production touche progressivement les communautés ainsi que leurs habitudes alimentaires. Au niveau chimique, on en retrouve des traces dans les dents et les os. Le travail que nous évoquons se centre sur le site de Barmaz, à Collombey-­Muraz, en Valais, là où ont été trouvés énormément de vestiges.

49 spécimens

Le travail de Déborah Rosselet-­Christ inclut 49 spécimens, autant d’hommes que de femmes, sur lesquels ont été prélevés divers échantillons. Du collagène sur certains os ainsi que des fragments d’émail de leur deuxième molaire. Pourquoi précisément ces parties? «La deuxième molaire est une dent dont la couronne se forme entre l’âge de 3 et 8 ans, précise Déborah Rosselet-Christ. Une fois formé, l’émail ne se renouvelle plus au cours du reste de la vie.

Sa composition chimique est donc le reflet de l’environnement dans lequel son propriétaire a vécu durant son enfance. Le strontium, en particulier, est un bon marqueur de mobilité. Ces éléments chimiques se retrouvent dans l’émail via la chaîne alimentaire.» Pour cet élément, l’analyse isotopique a révélé une forte homogénéité entre tous les individus. Quatorze pour cent d’entre eux révèlent cependant une origine différente.

Jocelyne Desideri, chargée de cours au Laboratoire d’archéologie africaine et anthropologie de la Faculté des sciences, apporte quelques nuances à ces résultats: «La technique permet de déterminer qu’il s’agit d’individus qui n’ont pas vécu les premières années de leur vie là où ils ont été inhumés, mais il est plus difficile de déterminer d’où ils proviennent. Nos résultats montrent que les gens se déplaçaient. Ce n’est pas une surprise, plusieurs études mettent en évidence le même phénomène dans d’autres endroits du néolithique.» Bonne nouvelle, les recherches vont bientôt être étendues à d’autres sites. 

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