FRANCE: DERNIèRE SEMAINE AVANT DES LéGISLATIVES BRûLANTES

La France entame lundi sa dernière semaine de campagne avant le premier tour des législatives décrites comme les plus importantes depuis 1945, dont l'extrême droite est aujourd'hui la favorite devant une fragile union de la gauche.

Le camp de la majorité du président Emmanuel Macron, critiqué de toutes parts pour avoir dissout l'Assemblée nationale, apparaît comme la plus affaiblie des trois forces appelées à se disputer, au lendemain du second tour du 7 juillet, la formation d'un gouvernement.

Le Rassemblement national (RN, extrême droite) et ses alliés obtiendraient entre 35,5 et 36% des voix, indiquaient dimanche deux sondages Elabe et Ipsos.

Ils devancent le Nouveau Front populaire, alliance de partis de gauche (27 à 29,5%), réunis pour l'occasion malgré de profondes divergences de fond. La majorité au pouvoir n'arrive qu'en troisième position (19,5 à 20%), auxquels s'ajoutent les Républicains opposés au RN (7 à 10%).

L'extrême droite plaide pour une "alternance politique" dotée d'une "majorité absolue", selon le maire RN de Perpignan (sud-est) Louis Aliot sur la radio publique France inter. A défaut, "il y aura des mesures qui ne seront pas applicables immédiatement". Le parti de Marine Le Pen doit dévoiler lundi les "priorités du gouvernement d'union nationale" qu'il entend instaurer.

L'alliance de gauche, elle, reste embourbée dans les spéculations autour de son très clivant candidat pour le poste de Premier ministre, Jean-Luc Mélenchon, patron de la gauche radicale La France Insoumise (LFI).

"S'il veut rendre service au Nouveau Front populaire, il faut qu'il se mette de côté, qu'il se taise", a grincé l'ex-président socialiste François Hollande, candidat en Corrèze (centre).

"Choix de société"

La nomination de M. Mélenchon Premier ministre "n'a jamais fait l'objet d'un accord", a affirmé pour sa part le secrétaire national du Parti communiste français, Fabien Roussel.

Accusé d'être déconnecté des préoccupations des Français, le camp macroniste promet pour sa part une gouvernance plus collaborative. M. Macron a semblé exclure toute démission, promettant "d'agir jusqu'en mai 2027", fin de son mandat, et admettant que "la manière de gouverner (devrait) changer profondément".

"Le gouvernement à venir, qui reflètera nécessairement votre vote, rassemblera, je le souhaite, les républicains de sensibilités diverses qui auront su (...) s'opposer aux extrêmes", a-t-il plaidé dans une lettre aux Français diffusée dans la presse.

"Il y aura (...) un avant et un après", a martelé à l'unisson Gabriel Attal sur le plateau du Grand Jury RTL/M6/Le Figaro. Nommé en janvier seulement, le chef du gouvernement fait valoir que son bloc est "le plus en dynamique dans cette campagne", après n'avoir recueilli que 14,6% des voix aux européennes.

"C'est un choix de gouvernement et de société", a-t-il insisté, attendant "une légitimation supplémentaire" pour rester à son poste. La majorité cherche une voie de passage entre tonalité rassembleuse au centre et propos offensifs contre les programmes économiques de ses adversaires.

Edouard Philippe, ancien Premier ministre de M. Macron, en appelle à "ceux qui voudront venir, de la droite conservatrice à la gauche socio-démocrate", quand M. Attal avertit contre "un carnage économique et social" qui se traduirait "par un matraquage fiscal d'un côté ou de l'autre".

L'issue du scrutin, entre le spectre du premier gouvernement d'extrême droite de l'histoire du pays, et une Assemblée nationale dominée par trois pôles irréconciliables pour un minimum d'un an, inquiète en France comme à l'étranger, sur fond de conjoncture économique morose et de guerre en Ukraine, et à un mois des jeux Olympiques de Paris-2024.

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche dans plusieurs villes de France contre le "danger" pour les droits des femmes que représenterait une victoire du RN.

Un collectif de 170 diplomates et anciens diplomates a publié une pétition dans le quotidien Le Monde contre un scénario qui viendrait "affaiblir la France et l'Europe alors que la guerre est là".

Le chancelier allemand Olaf Scholz s'est dit de son côté "préoccupé" par cette perspective, espérant une victoire des "partis qui ne sont pas celui de (Marine) Le Pen".

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