INCERTITUDES à TROIS JOURS DU SECOND TOUR

La dynamique en faveur du Rassemblement national pourrait être freinée par les centaines de désistements de candidats de centre droit et de gauche.

À trois jours du second tour d’élections législatives historiques en France, déjà marquées par une poussée sans précédent de l’extrême droite, l’incertitude règne sur le futur visage d’un des pays fondateurs de l’Europe, menacé d’affaiblissement voire d’ingouvernabilité.

La dynamique en faveur du Rassemblement national (RN) de Jordan Bardella, qui rêve de composer le premier gouvernement d’extrême droite en France depuis la Deuxième Guerre mondiale, pourrait être freinée par les centaines de désistements de candidats de centre droit et de gauche, consentis pour éviter l’élection de députés d’extrême droite.

La possibilité pour le RN d’accéder à la majorité absolue de 289 députés semble s’éloigner, un sondage mercredi lui en accordant entre 190 et 220. Mais Jordan Bardella, 28 ans, l’a assuré mercredi soir: «nous aurons la majorité absolue». »Il y a une opportunité de changement», a-t-il lancé lors d’une émission sur la chaîne d’information BFMTV. «Mon gouvernement, il est prêt».

«Danger» du RN

Les représentants des deux autres blocs (les proches du président Emmanuel Macron et la gauche) ont eux aussi été interrogés une heure chacun, l’un après l’autre, sur la même chaîne.

Le Premier ministre Gabriel Attal comme l’écologiste membre de l’alliance de gauche Marine Tondelier ont insisté sur le «danger» du RN. Un gouvernement d’extrême droite «serait terrible pour le pays», a lancé Gabriel Attal, dénonçant les formations qui «carburent à la haine», tout en se refusant à donner une consigne de vote. «Un Français, un citoyen, il va voter en son âme et conscience».

Marine Tondelier a pour sa part dénoncé la libération de la parole raciste et la violence déjà à l’œuvre, selon elle, accusant «les amis de Jordan Bardella» de participer à des «ratonnades» contre des mineurs étrangers isolés et de faire des migrants des «boucs émissaires».

La campagne de ces législatives, imposées par la dissolution de l’Assemblée le 9 juin par Emmanuel Macron, a été marquée par de nombreux dérapages. Dernier incident en date, la porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot a affirmé avoir subi avec son équipe «une agression lors d’une opération de collage d’affiches électorales» en banlieue parisienne.

«Forme de nouvelle donne»

L’échiquier politique français a implosé avec la dissolution. Et le risque s’accroît d’une France ingouvernable, avec une Assemblée divisée en trois blocs sans majorité absolue.

Certains responsables du centre droit et de la gauche envisagent une vaste coalition pour échapper à la paralysie, mais ses contours restent encore extrêmement flous. «Une forme de nouvelle donne est nécessaire» et «chacun va devoir réinventer sa manière de travailler», a lancé Gabriel Attal, même si son camp exclut tout rapprochement avec la gauche radicale La France insoumise (LFI).

Cette formation, membre de l’alliance de gauche du Nouveau Front populaire, est accusée de flirter avec l’antisémitisme et son leader Jean-Luc Mélenchon fait figure d’épouvantail pour les électeurs centristes, voire sociaux démocrates.

Marine Tondelier a pour sa part évoqué une «situation exceptionnelle», où «chacun saura se montrer responsable au Nouveau Front populaire pour trouver des solutions».

Inquiétude en Europe

Le scrutin est en tout cas regardé avec beaucoup d’inquiétude chez l’autre pilier européen, l’Allemagne. «On vote dimanche en France. C’est une autre élection dont l’issue peut inquiéter», a déclaré mercredi soir le chancelier Olaf Scholz.

«Faisons tout pour qu’ensemble nous protégions notre grande et belle Europe et que nous ne laissions pas les populistes d’extrême droite la dominer», a-t-il lancé lors de la fête d’été du groupe parlementaire social-démocrate (SPD) à Berlin.

La Russie scrute elle aussi avec attention le scrutin, mais pour s’en féliciter. «Le premier tour (des législatives), de même que les élections européennes de juin, ne peuvent être considérés autrement que comme un vote de défiance des Français à l’égard des autorités actuelles, y compris de la politique extérieure de Paris», a déclaré un porte-parole de la diplomatie russe, Andreï Nastassine.

«Mais ici, ce n’est pas le Kremlin qui décide, c’est le peuple français», a répondu le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, sur X (ex-Twitter).

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