LA PHOTO D'UN PéNIS AU REPOS «N'EST PAS DU HARCèLEMENT»

Un Bernois a déposé plainte parce qu'il se sentait harcelé sexuellement après avoir reçu la photo d'un pénis. Le ministère public n'a pas donné suite.

Fin mai, Pierre*, un Bernois âgé de 21 ans, a reçu des messages explicites non sollicités sur une application de rencontres gays, ce qui l'a fortement importuné. Son correspondant indiscret lui aurait envoyé ensuite une photo d'un pénis non érigé et demandé s'il «était aussi poilu au niveau du sexe». Pierre, qui n'a pas répondu aux messages, a décidé de déposer plainte, mais le ministère public n'a pas voulu donner suite. Il précise: «Aucun des éléments constitutifs du délit de harcèlement sexuel, de pornographie ou d'exhibitionnisme n'est rempli.»

La justice explique en outre que «le simple fait de dénuder le sexe» n'est pas considéré comme un acte sexuel. L'exhibitionnisme présuppose une immédiateté spatiale avec la victime, ce qui n'est pas le cas ici. Selon la justice, il ne s'agit pas non plus de pornographie, car les gros plans d'un pénis non érigé ne sont pas susceptibles d'exciter sexuellement une personne: «De telles prises de vue donnent plutôt l'impression d'une représentation purement anatomique - en particulier lorsque ni le reste du corps ni le visage de la personne ne sont visibles». Une argumentation qui rend Pierre perplexe.

La justice «n'a rien fait de faux»

«D'un point de vue juridique, le ministère public a pris la bonne décision, explique Pia Altorfer, responsable des centres d'aide aux victimes de harcèlement sexuel de Berne et de Bienne. Ici, l'expérience subjective de Pierre et le point de vue objectif de la justice se confrontent.» Selon elle, le cas de Pierre aurait été traité comme du harcèlement sexuel s'il avait été mineur. La responsable conseille aux victimes de ne plus se rendre sur ces plateformes et de bloquer systématiquement les auteurs de messages explicites non sollicités.

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