QUATORZE ANS DE PRISON POUR AVOIR TUé SES FILLES HANDICAPéES

L'accusée a juré que ses filles de 12 et 13 ans étaient toujours en vie. La justice n'en croit pas un mot.

La mère accusée d’avoir tué ses fillettes lourdement handicapées, portées disparues depuis sept ans, a été condamnée jeudi à 14 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises du Lot-et-Garonne.

Mercredi, Naïma Bel Allam s’était défendue en martelant «haut et fort» que ses deux filles, âgées de 12 et 13 ans au moment de leur disparition, étaient «toujours en vie» et qu’elle avait de leurs nouvelles, même si elle ne les a plus vues «depuis mars 2017».

«Naïma Bel Allam pouvait apporter une preuve de vie ce qui aurait tout arrêté mais elle ne l’a pas fait. Tout le monde aurait voulu que les filles soient vivantes mais elles ne le sont pas», a déclaré l’avocate générale Corinne Chateigner, qui avait requis entre 12 et 13 ans de réclusion.

«Elle ne reconnaîtra jamais ce qu’elle a fait car elle a réussi à s’autoconvaincre que ses enfants étaient toujours en vie», a ajouté la magistrate qui a rappelé que «la découverte d’un corps ou d’éléments humains n’est pas constitutive d’un meurtre».

Crainte d’une mise sous tutelle

Pour l’avocate de la défense Me Sophie Grolleau, «dans cette affaire, tout le monde parle d’hypothèses, de plusieurs possibilités; ça veut forcément dire qu’il y a un doute, et en droit, le doute doit profiter à l’accusée». «Déçue» du verdict, la défense «se réserve le droit de faire appel».

Naïma Bel Allam, qui comparaissait libre pour «homicides volontaires aggravés», avait reconnu mercredi avoir changé de versions par défiance envers les autorités et crainte d’une mise «sous tutelle» de ses filles.

Cette ex-comptable d’origine marocaine avait initialement déclaré avoir confié ses filles à un couple de Marocains sur une aire d’autoroute en Espagne, une version démentie par les enquêteurs. À l’audience, la quinquagénaire a dit les avoir remises à un «groupe d’amis» dont elle aurait fait la connaissance en 2015 au Maroc.

«On n’a pas les réponses»

Les deux adolescentes, nées avec des malformations, ont été vues pour la dernière fois le 7 décembre 2016 dans l’institut spécialisé de Tonneins (Lot-et-Garonne), où elles étaient prises en charge.

D’abord poursuivie pour «délaissement de mineures» et incarcérée de septembre 2017 à novembre 2021, Naïma Bel Allam a vu sa mise en examen requalifiée en janvier 2018, après la découverte d’une tache «brunâtre» au domicile de Nérac présentant l’ADN d’une de ses filles.

Interrogée mercredi sur son nettoyage en profondeur de cette tache, l’accusée avait répondu confusément: «Quand je fais le ménage, je le fais à fond».

«Aujourd’hui on a une condamnation, mais ce n’est pas une réussite parce que l’on n’a pas les réponses qu’on attendait», a réagi Me Sylvie Brussiau, l’avocate du père des adolescentes, qui était séparé de Mme Bel Allam et n’avait plus vu ses filles depuis plusieurs années quand elles ont disparu.

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