QUATRE CONDAMNéS POUR LE MEURTRE D'UN POLITICIEN SERBE DU KOSOVO

Quatre Serbes, dont trois policiers, ont été jugés coupables de complicité de meurtre, en 2018, d'Oliver Ivanovic.

De 4 à 10 ans de prison. Telles sont les peines qu'ont écopées quatre Serbes dont trois policiers, vendredi, à Pristina. Ces personnes ont été condamnées vendredi pour complicité dans le meurtre en 2018 d’un homme politique serbe du Kosovo, Oliver Ivanovic, pourfendeur de la criminalité organisée et voix critique de Belgrade. «Nous pensons que ce meurtre a été commis pour des raisons politiques par un groupe dirigé par Milan Radoicic, dans l’intention de prendre le contrôle» dans les zones majoritairement serbes du Kosovo, avaient écrit les procureurs dans l’acte d’accusation qui a été adopté par la Cour, a indiqué le juge à l’énoncé du verdict.

Marko Rosic, un garde du corps, a écopé de la peine la plus sévère, 10 ans de réclusion, tandis que les trois policiers ont écopé de peines plus légères. Deux autres personnes ont été acquittées. La Cour a suivi les réquisitions du procureur et les a déclarés coupables d'«agir comme un groupe criminel structuré», formé en 2011 et «dirigé par Zvonko Veselinovic et Milan Radoicic, qui sont en fuite».

M. Radoicic est depuis longtemps considéré comme le responsable politique serbe le plus influent dans le nord du Kosovo, et comme un proche du pouvoir de Belgrade. Il est visé depuis 2021 par les sanctions américaines, soupçonné de crime organisé et de corruption. Il a fui en Serbie à l’automne, et est soupçonné d’être à la tête d’un commando serbe lourdement armé qui a tué un policier kosovar en septembre.

Opposant à la mainmise de Belgrade

Alors âgé de 64 ans, Oliver Ivanovic a été tué en janvier 2018 de six balles dans le dos devant le quartier général de son parti à Mitrovica, ville divisée entre Serbes et Albanais, dans le nord du Kosovo. L’un des rares albanophones de sa communauté, Ivanovic était aussi un des rares politiciens à s’opposer à la mainmise de Belgrade sur la minorité serbe du Kosovo. La Serbie refuse de reconnaître l’indépendance que son ancienne province méridionale, peuplée essentiellement d’Albanais, a proclamée en 2008.

Ivanovic était une cible privilégiée des alliés politiques locaux du président serbe Aleksandar Vucic et de violentes campagnes de médias pro-gouvernementaux de Serbie. Il dénonçait aussi l’emprise de la criminalité sur Mitrovica-Nord, la partie serbe de la localité. S’il refusait l’indépendance du Kosovo, comme la quasi-totalité des membres de sa communauté, il dénonçait régulièrement le rôle joué sur place par Belgrade.

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