«IL M’A BATTUE, VIOLENTéE, TROMPéE ET IL FAIT LE MEC ADORABLE!»

Le procès du rappeur Moha La Squale pour violences sur ses ex-compagnes a débuté mardi à Paris. Ses victimes ont décrit des relations toxiques.

Elles racontent les insultes, les gifles, la peur. Lui nie en bloc et crie au complot. Au premier jour mardi du procès du rappeur Moha La Squale, jugé pour violences sur six ex-compagnes, le tribunal de Paris s’est penché sur les mécanismes de l’emprise toxique dans le couple.

«J’ai essayé de le quitter plusieurs fois, mais je me disais que ça allait s’arranger, et on repartait dans le même cycle», a résumé en larmes devant le tribunal correctionnel l’une des victimes, Elodie (prénom modifié), 31 ans.

«Pourquoi moi?»

Après deux ans de relation chaotique, la jeune femme réussira finalement à rompre en 2018. «C’est un soulagement bien sûr. Mais il me reste tellement d’incompréhension: comment je me suis retrouvée dans une relation comme ça? Pourquoi ça m’est arrivé à moi ?» se demande Elodie, toujours suivie par une psychologue.

Pour cette première journée d’audience, les débats, prévus jusqu’à vendredi, ont permis d’évoquer les relations entretenues entre 2017 et 2021 par le prévenu avec quatre des victimes présumées.

Le rappeur, de son vrai nom Mohamed Bellahmed, affirme n’être «pas violent». «Chacun raconte sa vérité», a botté en touche l’homme de 29 ans, qui est actuellement en détention.

Il crie au complot

Pour lui, le fait que plusieurs victimes – certaines qualifiées de «plans cul» – se soient mutuellement convaincues de déposer une plainte après avoir échangé sur les réseaux sociaux équivaut à un «complot».

«Elle a porté plainte pour niquer ma vie» et «ment beaucoup», dit-il ainsi à propos d’Elodie. Un vocabulaire qui suscite l’agacement de la présidente, d’autant que le prévenu nie les faits à grands renforts d’expressions comme «Sur la vie de ma mère !» ou «On dirait que c’est moi le méchant».

Pendant l’instruction, Elodie a raconté aux enquêteurs que son compagnon, possessif et jaloux, l’abreuvait d’insultes, la suivait partout dans la rue et entrait parfois dans une «rage extrême»: il la giflait violemment, l’attrapait par les cheveux pour la tirer sur le sol, lui crachait au visage.

«Je n'avais plus de vie»

Elle a dit avoir subi plusieurs tentatives d’étouffement ou d’étranglement, dont une avec un câble de téléphone. «Je n’avais plus de vie, plus aucun droit humain», a-t-elle résumé.

D’après elle, c’est à elle que le rappeur s’est adressé dans son titre «Luna» en 2018, lorsqu’il écrivait: «Oh, ma Luna c’est toi qu’je veux, c’est toi qu’je veux / Tu fais jamais d’chichis et pour moi, t’en as chié.»

La jeune femme a raconté sa difficulté à sortir de cette relation toxique. «Il m’a battue, violentée, trompée pendant tant d’années, et il fait le mec adorable! Alors oui, je sors de mes gonds!» s’est-elle exclamée.

De prince charmant à bourreau

Une autre plaignante, Chloé (prénom modifié) a raconté les graves violences psychologiques que le rappeur, rencontré sur le tournage d’un clip, lui aurait infligées, multipliant insultes et propos dénigrants.

«Le premier soir, il a été adorable.» Mais rapidement, il a alterné les comportements de «prince charmant» avec ceux d’un «bourreau», raconte la jeune femme, qui dit avoir aujourd’hui encore des «difficultés à contrôler (ses) angoisses» à cause de cette expérience traumatique.

«Je l’ai beaucoup apprécié, j’ai essayé de le comprendre, même si je voyais que ce n’était pas quelqu’un d’équilibré», analyse-t-elle. Pour elle, Moha La Squale est quelqu’un qui a «besoin d’aide».

Pour Me Elise Arfi, l’avocate du prévenu, l’expert psychologue qui a examiné Chloé ne l’a pourtant pas jugée «sous emprise».

Certes, répond l’avocat de la plaignante Me Antonin Gravelin-Rodriguez, mais il a bien décrit une «relation qui devenait étouffante», faite de «contraintes imposées». Et débouchant en fin de compte sur un «état de soumission».

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