CETTE INCROYABLE CAPACITé DES LOUPS MUTANTS DE TCHERNOBYL FASCINE LA SCIENCE

Une trentaine d’années après l’explosion du réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl, des chercheurs ont remarqué une évolution surprenante chez les loups vivant de la zone d'exclusion.

C’est une catastrophe qui fait encore peur aujourd’hui. Le 26 avril 1986 à 1h23 se produisait l’impensable. Un réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl explosait, entraînant un nuage de poussière radioactive en Europe. En ce qui concerne le bilan humain, il reste encore difficile à établir, le comité scientifique de l'ONU (Unscear) ne reconnaît officiellement qu'une trentaine de morts. Mais plus de trente ans après cet événement, des chercheurs ont constaté une curieuse mutation chez certains animaux vivant dans la région.

En effet, des chercheurs de la Society of Integrative and Comparative Biology, aux États-Unis, étudient la façon dont la faune, et plus précisément les loups, repeuplent la zone. Ils ont constaté que les canidés vivant dans la zone d'exclusion de Tchernobyl (ZET), auraient développé des capacités anticancéreuses. Si leurs résultats n’ont pas encore été publiés dans une revue scientifique, ils ont été présentés à l’occasion de la réunion annuelle de la Society of Integrative and Comparative Biology à Seattle, Washington, en janvier 2024.

Les loups de Tchernobyl seraient-ils capables de lutter contre le cancer ?

Suite à l’explosion, les autorités ont délimité ce qu’on appelle une “zone d'exclusion de Tchernobyl (ZET)”. Il s’agit d’un terrain de 1.000 km2 autour de la zone de l’explosion. Cette dernière est “exposée de manière chronique aux radiations et abandonnée par les habitants”, notent les chercheurs. Cela n’empêche pas la vie de reprendre peu à peu son cours. Ainsi, des “animaux sauvages comme des chevaux, des loups, des forêts et des champignons ont recolonisé la zone”. Dans la faune locale, la santé des loups et la façon dont leur métabolisme lutte contre le cancer a particulièrement attiré l’attention des chercheurs.

En effet, les chiens domestiques “tombent malades et combattent le cancer de manière plus similaire à celle des humains que la souris de laboratoire”, notent les chercheurs dans un communiqué. Aussi, étudier le loup gris (Canis lupus) peut permettre aux experts de plancher sur de nouvelles pistes pour combattre le cancer. Les chercheurs ont donc voulu “étudier comment les loups de Tchernobyl survivent et prospèrent malgré des générations d'exposition et l'accumulation de particules radioactives dans leur corps”.

Des travaux de recherche interrompus par le Covid-19 puis la guerre en Ukraine

Pour ce faire, ils ont équipé certains loups de la région de colliers permettant de relever la localisation des loups ainsi que le niveau de radiation. De plus, des prélèvements sanguins leur ont permis de comprendre leur réaction aux radiations cancérigènes. Grâce à ces données, les chercheurs “ont découvert que les loups de Tchernobyl sont exposés à plus de 11,28 millirems (une unité de mesure pour mesurer les seuils d'irradiation, NDLR) de radiations par jour pendant toute leur vie, soit plus de six fois la limite de sécurité légale pour un travailleur humain moyen”.

"Les chiens de Tchernobyl ont des taux de cancer plus élevés que les chiens en dehors de Tchernobyl. Et si nous extrapolons cela à la population de loups, nous pouvons supposer qu'ils pourraient avoir des taux de cancer plus élevés, explique la chercheuse Cara Love, dans un podcast de NPR. Mais la spécialiste souligne que ces loups se sont montrés plus résistants à ces cancers.

Plus précisément, les chercheurs notent que "des régions spécifiques du génome du loup qui semblent résistantes à un risque accru de cancer". De plus, les experts notent que ces loups présentent “un système immunitaire altéré, similaire à celui des patients cancéreux soumis à une radiothérapie”. Si à court terme, l'exposition aux radiations augmente le risque de cancer, sur le long terme, cela pourrait protéger contre le cancer.

À l’heure actuelle, du fait de la pandémie de Covid-19 puis la guerre en Ukraine, les équipes n’ont pas pu se rendre de nouveau sur le terrain.

Sources :

  • Mutant Chernobyl wolves evolve anti-cancer abilities 35 years after nuclear disaster - communiqué (05/01/2024)
  • Why wolves are thriving in this radioactive zone - 05/02/2024
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