INITIATIVE LANCéE POUR INTERDIRE LES ARMES NUCLéAIRES EN SUISSE

Si le Conseil fédéral a refusé fin mars de revoir sa position sur le Traité des Nations Unies sur l’interdiction des armes nucléaires, cette initiative veut changer la donne.

La Suisse doit adhérer au Traité des Nations Unies sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). L’Alliance pour l’interdiction des armes nucléaires a lancé mardi une initiative populaire fédérale en ce sens.

Le TIAN a été négocié et au sein de l’ONU en 2017. La Suisse a joué un rôle important dans ces négociations, avant de renoncer à le signer en 2018. Le traité comporte une interdiction globale et explicite des armes nucléaires, en interdisant l’usage, la menace d’usage, la fabrication, le stockage, l’acquisition, la possession, le stationnement, la transmission et la mise à l’essai d’armes nucléaires.

Entré en vigueur en 2021, il a été ratifié par 70 États, dont l’Irlande ou l’Autriche, mais pas par les puissances nucléaires ni la plupart de leurs alliés européens ou occidentaux. Le Conseil fédéral a refusé fin mars de revoir sa position, estimant qu’il n’est pas dans l’intérêt de la Suisse d’adhérer au TIAN.

Le conseiller aux États Carlo Sommaruga (PS/GE) a rappelé sa motion en faveur d’une adhésion au traité qui a été adoptée par le Parlement en 2018. Le peuple doit désormais se prononcer pour dépasser le refus du Conseil fédéral de mettre en œuvre la volonté du Parlement.

Alors que le désarmement nucléaire continue à être une priorité de la politique étrangère suisse, «nous demandons que les paroles soient enfin suivies d’actes», a abondé Annette Willi, de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN), une coalition d’ONG qui militent pour le désarmement nucléaire.

«Menace réelle»

«La menace des armes nucléaires est réelle et n’a jamais été aussi grande depuis longtemps», selon M. Sommaruga. Dans ce contexte, «le TIAN annonce un changement de paradigme nécessaire et urgent dans le domaine du désarmement nucléaire», a-t-il déclaré. «Plus il y aura d’États le soutenant, plus la pression sur les puissances nucléaires sera grande.»

Les armes nucléaires sont contraires aux principes du droit international humanitaire de par leur nature, a pointé le conseiller national Marc Jost (PEV/BE). Elles tuent sans distinction, ne respectent pas le principe de proportionnalité, provoquent des souffrances inutiles et violent les droits humains les plus fondamentaux à la vie et à la sécurité.

Pour le comité, ne pas adhérer au traité rompt avec la tradition de la Suisse et nuit à sa crédibilité en matière de neutralité et d’aide humanitaire. La Suisse doit s’engager activement dans la promotion de la paix et de la sécurité à long terme.

L’initiative pour l’interdiction des armes nucléaires trouve écho par-delà les partis. Elle est également soutenue par l’ancienne conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey (PS), la présidente des Vert-e-s Lisa Mazzone, l’ancien conseiller national Dominique de Buman (PDC/FR) ou encore Jacques Dubochet, Prix Nobel de chimie en 2017.

L’alliance regroupe aussi plus de 20 organisations, dont ICAN et le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA). Le comité a jusqu’au 2 janvier 2026 pour récolter 100'000 signatures.

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